
L’Assemblée nationale a retoqué mardi une proposition de loi sur l’avenir énergétique de la France. Ce rejet intervient alors que le gouvernement prépare en parallèle un décret sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), court-circuitant le débat parlementaire.
142 pour, 377 contre
Largement remaniée, la proposition de loi Gremillet sur la trajectoire énergétique a été rejetée mardi en première lecture par l’Assemblée nationale, avec 142 voix pour et 377 contre. L’ancienne majorité présidentielle (Ensemble, MoDem, Horizons) et la gauche ont formé un front uni contre le texte, notamment à cause d’un moratoire sur l’éolien et le solaire.
Initialement centrée sur une relance ambitieuse du nucléaire et sur des objectifs clairs en matière de renouvelables, la version adoptée au Sénat en octobre a été profondément modifiée à l’Assemblée. Parmi les mesures controversées figurent la réouverture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) et la sortie du marché européen de l’énergie. Ces amendements ont suscité l’opposition de nombreux acteurs, y compris de la FNSEA, principal syndicat agricole.
L’ancien Premier ministre Gabriel Attal a dénoncé la formation d’un « axe anti-écologie », estimant que LR et RN ont orchestré « tous les retours en arrière majeurs sur l’environnement ». Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a déclaré prendre « acte » d’un rejet « nécessaire », dénonçant des mesures « industriellement absurdes » et « dévastatrices pour nos territoires ».
Fractures politiques et tensions autour du décret gouvernemental
Auteur de l’amendement controversé sur le moratoire, Jérôme Nury, député LR, a revendiqué son initiative, invoquant le « bon sens » : « C’est se préoccuper de la souveraineté de notre électricité et de sa robustesse, tout en veillant au montant de la facture d’électricité des Français et des entreprises », a-t-il justifié, tout en raillant les « cris d’orfraie » des opposants.
Julie Laernoes (écologiste) a vivement interpellé Gabriel Attal, soulignant l’incohérence de sa position actuelle : « Vous annoncez voter contre ce texte. (…) Sachez que ce vote ne vous absoudra pas. Depuis trois ans, vous avez gommé tout ce qui s’apparente de près ou de loin au climat et à l’écologie », a-t-elle lancé.
Du côté du RN, la frustration était palpable. « La victoire idéologique de Marine Le Pen est à la hauteur des aveux de tous nos adversaires défaits, ici réunis », a affirmé Jean-Philippe Tanguy, dénonçant un rejet motivé plus par la stratégie que par le fond. Le parti brandit désormais la menace d’une censure si le gouvernement publie le décret PPE3 avant la fin de la navette parlementaire.
Le président du Sénat Gérard Larcher a lui aussi mis en garde contre un passage en force de l’exécutif : « J’espère que le gouvernement attendra la conclusion de ce débat pour publier son décret. Sans quoi ce décret sera fragile », a-t-il averti, estimant que l’amendement sur le moratoire était une « erreur » et que le texte initial du Sénat représentait un « équilibre entre nucléaire et renouvelables ».
La suite se jouera donc au Sénat les 8 et 9 juillet. Mais le gouvernement pourrait, d’ici là, choisir de s’affranchir d’un débat parlementaire devenu explosif.
Source : AFP
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.