L’UE a évité une forte volatilité des prix du gaz au 3ème trimestre
L’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) a publié son troisième rapport trimestriel de l’année 2024 sur les marchés de gros du gaz en Europe.
L’ACER se félicite que l’Europe ait maintenu une stabilité relative des prix du gaz au troisième trimestre 2024, et ce en dépit du retour des incertitudes autour de l’approvisionnement.
Elle alerte également sur l’importance de l’ évolution des tarifs de transport transfrontalier du gaz, en hausse.
Bien que ces coûts n’exercent pour l’instant qu’une influence modérée sur la formation des prix, leur rôle devrait croître à l’avenir. L’ACER met également en lumière d’autres facteurs possiblement haussiers.
Stabilité relative des prix du gaz malgré les incertitudes
Au troisième trimestre 2024, les prix du gros du gaz en Europe ont enregistré une légère hausse par rapport au trimestre précédent, mais sont restés globalement inférieurs et bien moins volatils que ceux de la même période en 2023. Cette stabilité a été soutenue par plusieurs facteurs clés, notamment l’augmentation des exportations de gaz en provenance de Norvège, des niveaux de stockage de gaz solides dans l’Union européenne, et une demande modérée.
Autant d’éléments qui ont contribué à atténuer les pressions sur les prix, en dépit d’un contexte mondial marqué par un marché du gaz naturel liquéfié (GNL) plus tendu, ainsi que des incertitudes géopolitiques, notamment autour des flux de gaz russe via l’Ukraine.
Des importations de gaz en baisse
En termes d’approvisionnement, l’UE a connu une baisse des importations de gaz au cours du troisième trimestre, une tendance qui se poursuit depuis le début de l’année 2024.
Bien que les approvisionnements en provenance de Norvège par gazoduc aient augmenté, cette hausse a été contrebalancée par une diminution des importations de GNL. Les acheteurs européens ont évité « de rivaliser pour des cargaisons spot à prix plus élevés sur un marché européen du gaz par ailleurs équilibré. »
Les EnR toujours plus privilégiées pour la production d’électricité
La croissance continue des énergies renouvelables en Europe a eu un impact significatif sur la production d’électricité à partir du gaz et du charbon. Cette expansion a limité la rentabilité des centrales électriques conventionnelles. Et « Cela a réduit les émissions de carbone, assoupli l’équilibre entre l’offre et la demande de gaz dans l’UE et réduit les cas où le gaz fixe des prix marginaux sur les marchés de l’électricité. » souligne l’ACER.
Un stockage de gaz au-delà des objectifs
L’Union européenne a atteint son objectif de 90 % de remplissage des stocks de gaz plus tôt que prévu, et ce, malgré une baisse des injections par rapport à l’année précédente. Des niveaux de stocks qui lui offrent une plus grande sécurité d’approvisionnement pour l’hiver à venir, tout en contribuant à une gestion plus stable du marché énergétique.
Vigilance sur la hausse des tarifs de transport
Dans certains pays de l’UE, les tarifs de transport du gaz ont augmenté, sans toutefois affecter, pour l’instant, la convergence des prix. De nouvelles hausses tarifaires sont néanmoins attendues à court terme, « ce qui justifie un suivi des effets de ces changements tarifaires sur les échanges transfrontaliers et l’intégration des marchés. » pointe l’ACER.
L’évolution future de ces tarifs dépendra des tendances de la demande, de la dépréciation des infrastructures existantes et des efforts de décarbonisation.
Plusieurs défis sont encore à relever
- L’accord de transit du gaz russe via l’Ukraine arrive à échéance en 2024, incitant l’Europe à explorer des routes d’approvisionnement alternatives.
- Si les retraits de gaz durant l’hiver dépassent largement ceux des années précédentes, les acheteurs de l’UE pourraient être contraints de renforcer leur compétitivité sur les marchés du GNL pour reconstituer leurs stocks en 2025, ce qui risquerait de faire grimper les prix de gros du gaz. Les conditions météorologiques seront déterminantes pour accentuer ou atténuer ces risques.
- Plusieurs projets de production de GNL sont actuellement en développement, mais le marché mondial, déjà sous tension, ne devrait pas voir de nette amélioration à court terme. Les premières livraisons attendues en 2025 sont en effet entourées d’incertitudes concernant la mise en service et la montée en régime des infrastructures.