Une prolongation de « deux à trois ans » de l’ARENH ?
Mardi, le Directeur général de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a plaidé pour une prolongation de l’ARENH avec quelques modifications.
L’ARENH avec un prix régulé de 60 € le MWh
« Il est urgent d’avoir de la visibilité sur la régulation de l’électricité en France et à partir de 2026 ». C’est par ces mots que le patron de TotalEnergies a abordé la question épineuse de l’ARENH, lors du congrès de l’Union française de l’électricité (UFE), mardi 10 décembre. Patrick Pouyanné a proposé d’octroyer un « délai de grâce de deux ou trois ans » au mécanisme dont la fin est programmée pour le 31 décembre 2025 ; tout en « corrigeant les défauts ». Il préconise notamment un prix régulé à 60 € le MWh et une exclusion des options gratuites. La demande de Patrick Pouyanné fait échos à celle de l’Association française indépendante de l’électricité et du gaz, en juillet dernier.
Également présents au congrès, Catherine MacGregor (Directrice générale de Engie) et Patrick Martin (Président du MEDEF) ont demandé « plus de clarté pour les énergéticiens et les industriels », pour la première et exprimé leur impatience face à la question pour le second : « On ne peut pas rester dans cette situation d’incertitude ».
Un nouveau système qui ne convainc personne
En lieu et place de l’ARENH, le gouvernement a conçu un système où la régulation des prix est fondée sur la politique commerciale d’EDF. Ce dernier doit pour cela signer des contrats à long terme avec ses clients (industriels, entreprises et fournisseurs d’énergie), et des contrats d’allocation de la production nucléaire à quinze ans avec les industriels électro intensifs.
Or, un an après la mise sur orbite de ce nouveau système, six lettres d’intention seulement ont été signées avec les industriels électro intensifs, principalement pour des usines qui ne sont pas encore sorties de terre. Les contrats à moyen terme, eux, rencontrent un succès plus important, mais les fournisseurs pointent le manque de liquidité sur les marchés de gros de l’électricité à moyen terme. Ainsi, avec une tendance à la baisse des prix sur les marchés de l’électricité, certains industriels repoussent la contractualisation avec EDF. « Nous avions un Arenh imparfait et on a voulu mettre en place un nouveau système, que l’on attend encore », déplorait Patrick Pouyanné, lors du congrès.
Rejet ferme d’EDF et de l’Uniden
Luc Rémont, PDG d’EDF, également présent à la table ronde de mardi dont le thème était « Electricité moteur de notre quotidien », s’est opposé à toute nouvelle régulation de l’électricité : « Nous sommes en train de faire vivre le post-Arenh depuis plus d’un an déjà. Nous avons grâce à cela fait émerger un marché à 2029, [contre un] maximum de visibilité à un ou deux ans, auparavant ». Il s’est également défendu de « tuer l’industrie française ».
Pour Nicola de Warren, président de l’Uniden – le représentant des industries électro-intensives, repousser la fin de l’ARENH ne changerait rien à l’affaire : « il faudrait un nouveau projet de loi ce qui prendrait six mois minimum [sic], sans certitude sur le contenu final du texte, sachant que plusieurs partis se sont prononcés clairement sur une non-reconduction de l’ARENH. Par ailleurs, la Commission européenne n’acceptera pas un dispositif temporaire sans voie claire de sortie derrière ». Il a ensuite insisté sur l’urgence de la situation en affirmant que le débat sur la prolongation de l’ARENH « ne doit pas masquer l’urgence de faire aboutir les négociations sur les contrats de long terme entre EDF et les électro intensifs qui sont le levier critique de la compétitivité, et de l’avenir même d’une part majeure de l’industrie française ».