
Le versement nucléaire universel (VNU) est le nouveau mécanisme de régulation du marché de l’électricité en France qui va remplacer l’ARENH à partir du 1er janvier 2026.
Il vise à protéger les consommateurs contre les hausses des prix sur le marché tout en assurant à EDF des revenus suffisants pour financer le parc nucléaire et la transition énergétique.
Contrairement à l’ARENH, le VNU ne fixe ni volume ni prix régulé d’électricité nucléaire ; c’est un dispositif de redistribution ex-post des revenus issus du parc nucléaire d’EDF lorsque ces revenus dépassent des seuils prédéfinis.
Fonctionnement général
Le VNU s’appuie sur un mécanisme de taxation progressive qui permet de rééquilibrer les revenus supplémentaires liés à la hausse des marchés. Il prévoit que l’État prélève une partie des revenus effectifs dégagés par le parc nucléaire historique d’EDF, dès lors qu’ils dépassent des seuils prédéterminés.
Les seuils à partir desquels EDF sera taxé sont définis en fonction des coûts complets du nucléaire historique et fixés pour des périodes triennales, après avis de la CRE. Les montants exacts seront connus d’ici fin 2025.
Le mécanisme de prélèvement mis en place par l’État est le suivant :
· Si les revenus annuels du parc nucléaire historique dépassent un premier seuil, situé dans une fourchette de +5 à +25 €/MWh au-dessus des coûts complets, 50 % de l’excédent est prélevé et redistribué aux consommateurs.
· Un second seuil est fixé dans une fourchette comprise entre +35 et +55 €/MWh. Au-delà, le prélèvement atteint 90 % des revenus excédentaires.
· À l’inverse, aucun prix plancher n’est instauré : si les prix sont inférieurs au premier seuil, aucun prélèvement n’est appliqué.
Redistribution et impact sur la facture
Les montants collectés sont redistribués aux consommateurs finaux sous forme d’un montant déduit directement sur leur facture d’électricité, intégrés par une ligne dédiée visible.
Les modalités seront précisées ultérieurement par voie réglementaire.
Points de vigilance :
- Avec la fin de l’ARENH, il n’y aura plus 100 TWh d’électricité nucléaire qui seront fixés à 42 €/MWh, ce qui engendre une augmentation du prix de référence pour tous les fournisseurs.
- Le mécanisme VNU introduit un filet de sécurité quand le marché s’emballe mais il n’assure pas de prix fixe. Les choix de couverture restent déterminants, car 100 % de la fourniture d’électricité sera achetée sur le marché. L’enjeu est d’optimiser le timing et la structure de contrat en gardant en tête que le VNU assure une redistribution financière après coup (ex-post) et ne remplace pas une stratégie de hedging solide.
Sécurisation financière d’EDF : vraiment ?
Le mécanisme a pour objectif d’assurer à EDF des revenus au moins équivalents au coût complet de production de l’électricité nucléaire, de manière à couvrir l’ensemble des dépenses liées au parc existant et futur.
Lorsque les prix de marché dépassent ce coût, l’excédent est prélevé par l’État puis redistribué aux consommateurs. EDF conserve toutefois la marge nécessaire pour assurer l’entretien et le renouvellement de son parc nucléaire.
Reste une question de taille : que se passera-t-il si les prix de marché tombent en dessous de ce coût complet ? Aucune disposition n’a été prévue pour protéger EDF dans un tel scénario… Une faille surprenante, quand on se souvient que l’un des griefs adressés à l’ARENH était précisément de ne pas sécuriser suffisamment l’électricien historique.
Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée
Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.
Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.