5 raisons pour lesquelles les prix de l’électricité ne devraient pas cesser d’augmenter
Si le cœur de la crise parait dépassé, les prix n’en restent pas moins élevés. Selon les échéances, ils oscillent entre 90 et 200€ le MWh, en France, contre une fourchette située entre 50 et 70€/MWh, avant la crise. Un niveau de prix que l’on ne semble pas près de retrouver de sitôt.
1. La rétractation progressive du bouclier tarifaire
Alors que nous sommes à quelques jours de la hausse de 10% des tarifs réglementés de l’électricité, la réduction progressive du bouclier tarifaire devrait se poursuivre jusqu’à sa disparition totale en fin d’année 2024. « Ça ne devrait pas se faire d’un bloc », avait prévenu au micro de RTL celui qui était alors ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, le 13 juillet. Ce retrait du bouclier s’inscrit dans la politique de la fin du « quoi qu’il en coûte », émise par le ministre de l’économie Bruno Le Maire, dont le but est d’assainir les finances publiques. Les ménages et les TPE seront impactés par cette hausse dès le 1er août. Il faudra s’attendre à de nouvelles hausses bien qu’aucune ne soit prévue avant février 2024.
2. Le possible « rattrapage » du bouclier
Le bouclier tarifaire déployé à l’automne 2021 aura coûté 24 milliards d’euros en 2022 et devrait coûter quelque 16 milliards en 2023. La Commission de Régulation de l’Energie avait envisagé un remboursement de ce bouclier via les TRVE. C’est ainsi que l’autorité indépendante avait préconisé une hausse de 74,5% des TRVE au 1er août- projet non suivi par le gouvernement. Pourtant, si ce rattrapage venait à être adopté, on pourrait assister à une augmentation des prix de l’électricité, indépendamment des évolutions du marché.
3. La disparition de l’ARENH
Fixé à 42€/MWh, le mécanisme régulant les prix de vente du nucléaire et soutenant la compétitivité des entreprises françaises, doit prendre fin en décembre 2025. Le gouvernement lui cherche un mécanisme de substitution reflétant mieux le montant des investissements d’EDF dans ses centrales. La CRE estime que les coûts du nucléaire historique balancent entre 57 et 58€ du MWh. Loin des 42€ de l’ARENH.
4. Le financement des nouveaux réacteurs EPR2
Selon les dernières estimations, les six réacteurs EPR2 qu’EDF doit construire coûteraient 52 milliards d’euros. En vue du financement du projet, le gouvernement prévoirait de créer un procédé de « base d’actif régulé ». Ainsi, les EPR2 pourraient être financés dès 2027 (pour le réacteur de Penly) par les consommateurs ou le contribuable, à la discrétion de l’exécutif.
5. La modernisation des réseaux de transport
Les montants liés aux travaux de renforcement des lignes permettant d’accueillir les futurs parcs éoliens et solaires pourraient s’avérer colossaux. Au nom de la péréquation tarifaire, les coûts résultant desdits travaux seront supportés par tous les Français. Une prévision confirmée par la présidente de la CRE, Emmanuelle Wargon, au cours de son audition au Sénat, début juillet : « Les investissements dans les réseaux sont considérables : on passe d’un rythme d’investissements de 1,5 milliard par an chez RTE à 2,5 milliards d’euros. Chez Enedis, on passe de 4 milliards à plus de 5 milliards d’euros par an. On a un énorme pic à passer et on n’est pas totalement serein. Il y a à la fois un sujet de financement – il faut que les tarifs soient en capacité [sic] d’aborder ces besoins d’investissements -, et il y a la question de la faisabilité technique ».