Aides crise énergie : les entreprises demandent de la visibilité
Manque de visibilité, manque d’efficacité, complexité… Après les commerçants et les artisans, c’est au tour de la filière agroalimentaire d’alerter sur les mesures annoncées par le gouvernement pour pallier l’impact de la crise des prix de l’énergie.
Sans un plan « énergie à la hauteur », l’agro-alimentaire français sera en danger
Dans une tribune commune, les acteurs de la filière agro-alimentaire interpellent le gouvernement sur la « faiblesse du système d’aide prévu » en France alors que « L’échec actuel des négociations européennes sur un bouclier tarifaire commun » fait le lit de distorsions de concurrence à travers l’Europe comme dans le monde. Nombre d’entreprises voient leur pérennité remise en question.
« Nos entreprises ne pourraient survivre à des prix de l’énergie significativement supérieurs (au-delà de 180 €/MWh) à ceux de nos homologues européens. » préviennent 25 des principales interprofessions françaises (Intercéréales, Inaporc, Semae, etc.) de l’agroalimentaire.
« Quand l’Allemagne annonce un plafonnement du prix de l’électricité à 130 €/MWh (mégawattheure), que la Pologne évoque 180 €/MWh et que l’Espagne et le Portugal, de leurs côtés, ont d’ores et déjà acté 200 €/MWh, beaucoup de nos entreprises achètent à des prix supérieurs à 500€/MWh sur le marché français. » rappellent les acteurs.
Ces déclarations trouvent un écho dans celles faites aujourd’hui par le MEDEF qui pointe « un énorme problème de compétitivité pour nos entreprises, d’abord et avant tout vis-à-vis de la Chine, de l’Asie et des Etats-Unis« , avec un « rapport de un à dix entre le prix de l’énergie aux Etats-unis et en France »
Les entreprises demandent davantage de visibilité et de simplicité
Fin octobre, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures : guichet d’aides aux factures d’électricité, de gaz, amortisseur d’électricité…
Présentées dans les grandes lignes, elles devaient être précisées rapidement. Or, à ce jour, rien n’est encore acté.
Un manque de visibilité qui n’est pas tenable, d’autant que ces mesures « ne sont pas à la hauteur de la gravité de la situation dans laquelle sont plongées nos entreprises » a rapidement dénoncé le Conseil du commerce de France.
« Pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, et leur secteur, la multiplication par 2, 3 voire par 10 de leur facture énergétique pour 2023 est un mur infranchissable, mettant en péril leur équilibre économique et bien souvent leur existence même. » mettent en garde les commerçants.
Des aides bien en dessous des besoins réels
« D’un côté, les TPE et PME devront toujours assumer une forte augmentation de leur coût malgré l’application de l’amortisseur d’électricité. De l’autre, à ce jour, les ETI et grandes entreprises du commerce sont exclues du bénéfice des aides car celles-ci sont réservées aux industries électro-intensives. » explique ainsi le le Conseil du commerce de France.
Du côté des artisans, les inquiétudes sont tout aussi vives. « Si nous accueillons positivement les annonces faites par le gouvernement visant – à compter du 1er janvier 2023 – à limiter l’impact de la hausse des tarifs de l’énergie, nous déplorons une entrée en vigueur trop tardive et une trop grande complexité de ces mesures » signale Joël Fourny, Président des chambres de métiers et de l’artisanat (CMA)
« Si des avancées ont d’ores et déjà été instaurées pour le bouclier tarifaire, il doit en être de même pour l’amortisseur d’électricité. En effet, les artisans ont besoin d’être rassurés sur leur avenir. Ils sont besoin de visibilité. » souhaite-t-il.
« Nous savons la résilience des artisans mais craignons qu’ils finissent par arriver au bout de leur capacité. » fait-il encore savoir.