Face à la flambée durable des coûts énergétiques et à la pression de la concurrence internationale, l’Allemagne s’apprête à instaurer dès 2026 un tarif préférentiel d’électricité pour ses industries les plus énergivores. Une mesure stratégique destinée à soutenir la sidérurgie et la chimie, piliers du tissu industriel national.
Un prix subventionné : 4,5 milliards d’euros sur trois ans
L’Allemagne mettra en place à partir du 1er janvier 2026 un prix de l’électricité réduit pour les industries intensives en énergie, a annoncé la ministre de l’Économie Katherina Reiche lors d’une conférence à Berlin. Cette initiative, inscrite dans le projet gouvernemental de soutien aux filières stratégiques, de la chimie à l’acier en passant par l’automobile, vise à redonner de l’air à un secteur fragilisé par la hausse des prix consécutive à la guerre en Ukraine. « Je pars du principe que nous introduirons ce prix au 1er janvier », a confirmé Mme Reiche, précisant que les négociations avec la Commission européenne entraient dans leur phase finale. Présent à la conférence, Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission chargé des dossiers industriels, a salué les échanges « constructifs » sur ce sujet sensible.
Selon le quotidien Handelsblatt, le coût total de la mesure atteindra 4,5 milliards d’euros sur trois ans, d’après une estimation de l’Agence allemande de l’énergie (DENA). Cette subvention permettra notamment de compenser partiellement les coûts liés aux quotas d’émissions de CO₂, tout en renforçant la compétitivité de l’acier allemand.
Des aides conditionnées à des investissements durables
L’aide publique ne sera pas sans contrepartie. Les entreprises bénéficiaires devront investir 50 % de plus dans l’efficacité énergétique et la durabilité, a précisé Katherina Reiche. « Les justificatifs devront être aussi peu bureaucratiques que possible », a-t-elle assuré, afin d’éviter un excès de lourdeur administrative.
Cette mesure intervient à la veille d’un “sommet sur l’acier” prévu jeudi à Berlin avec le chancelier Friedrich Merz, alors que la sidérurgie allemande subit de plein fouet la concurrence chinoise et le renchérissement de l’énergie. Pour ce secteur-clé, Mme Reiche a insisté : « Prolonger la compensation des prix de l’électricité au-delà de 2030 est encore plus crucial ».
La ministre s’est dit confiante quant à une validation rapide de la Commission européenne : « Les signaux sont bons », a-t-elle affirmé, estimant que la décision pourrait intervenir dans les prochaines semaines. Avec ce plan, Berlin espère offrir un second souffle à son industrie lourde tout en posant les bases d’une transition énergétique compétitive.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.