Pétrole : stagnation entre risque géopolitique et demande chinoise

Le 8 janvier, les cours du pétrole chutaient significativement. En cause, l’Arabie saoudite qui a décidé de baisser les prix de ses exportations du mois de février.

– 3,63% pour le Brent, – 4,16% pour le WTI

Lundi 8 janvier à 16h40, heure de Paris, le baril de Brent pour la mer du Nord se rétractait de 3,63% pour atteindre les 75,90 dollars. Même destin pour le West Texas Intermediate dont le prix tombait à 70,74 dollars (- 4,16%). La raison de cette chute trouve deux sources, toutes deux reliées aux activités saoudiennes. D’abord, en début d’année, le géant saoudien Saudi Aramco décidait de réduire le prix officiel pour les chargements de février pour toutes les destinations. Ensuite, le dimanche 7 janvier, le pays abaissait le prix de son brut léger à destination de l’Asie, pour février. Un brut léger au plus bas depuis deux ans.

Selon Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb : « Cet ajustement pourrait être le signe d’une faiblesse de la demande dans ce segment (…) ou reflète une forte croissance de l’offre de pétrole brut léger, notamment le pétrole de schiste en provenance des Etats-Unis ».

L’échec d’une stratégie au long cours

Lors d’une conférence datant du 4 juin, les membres de l’OPEP ainsi que les dix pays associés, avaient convenu d’une réduction de 1,6 millions de barils par jour à partir de juillet. A cette occasion, le ministre de l’Énergie de l’Arabie saoudite, Abdulaziz Bin Salman, promettaient des lendemains difficiles à ses clients occidentaux. A la même période, l’Arabie saoudite décidait, indépendamment de ses camarades de l’OPEP, d’une réduction de ses extractions de brut d’un million de barils par jour, supplémentaires.

En octobre dernier, cette politique avait trouvé ses limites. L’assèchement du marché provoquait une forte variation des prix à la hausse, ce qui avait fini par décourager la demande.

Or, avec cet abaissement des prix par Saudi Aramco, l’Arabie saoudite envoie un autre message : « Les observateurs du pétrole s’interrogent à juste titre, sur le fait que la réduction des prix vise à concurrencer, non seulement les non-membres de l’OPEP, mais aussi ceux du cartel eux-mêmes », décrypte John Evans, analyste chez PVM Energy.

Désunion de l’OPEP ?

Un comble lorsque l’on sait que l’été dernier, c’est l’Arabie saoudite qui avait poussé ses partenaires à réduire leur production. Des dissensions étaient apparues avec les Emirats Arabes Unis et la Russie, mais aussi les Africains : Nigéria, Gabon, Angola qui estimaient la stratégie saoudienne trop agressive.

Aujourd’hui, les positions s’inversent. Début janvier, l’OPEP+ opérait de nouvelles coupes. Moins 900 000 barils par jour. Un nouveau régime qui aura cours jusqu’en mars, au moins. « En abaissant ses prix, l’Arabie saoudite signale qu’elle vise à rester compétitive sur le marché et qu’elle n’est pas disposée à réduire unilatéralement son volume en dessous de la barre des 9 millions de barils par jour », explique Bjarne Schieldrop. Il semblerait que quelque soit la tactique adoptée, l’Arabie saoudite aime faire cavalier seul.

En décembre, l’Angola annonçait quitter l’organisation, fatiguée des révisions de quotas de production successives. D’autres membres pourraient-ils suivre ?

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.