La biomasse, l'un des responsables du futur échec de la transition énergétique ?

Prochainement, le projet de SNBC devrait être dévoilé, pourtant, les objectifs de réduction de 55% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et d’atteinte de la neutralité carbone pour 2050. La faute, en partie, à la biomasse.

Le projet SNBC présenté dans quelques jours

Sa présentation a été retardée par le remaniement du 11 janvier, mais il est prêt. Dans quelques jours, devrait être présenté le projet de Stratégie nationale bas carbone (SNBC), piloté depuis un an et demi par le secrétariat général à la planification écologique (SGPE). Le programme doit détailler la stratégie bas carbone à adopter en ciblant les secteurs dans lesquels la réduction des émissions est essentielle à la décarbonation générale.

Le verdissement du parc automobile est prévu dans le secteur le plus polluant : les transports. Les programmes de rénovations figurent dans le bâtiment, qui émettait 64 millions de tonnes de CO2 en 2022 et devra passer à 30 millions en 2030. L’industrie n’est pas en reste avec un ambitieux projet de décarbonation faisant passer les émissions de 72 millions de tonnes de CO2 (2022) à 45 millions (2030). « Notre rôle est de vérifier que ‘ça boucle’ », explique Antoine Pellion, secrétaire général du SGPE, à savoir qu’il y aura assez d’électricité, de matières premières et de capacité industrielle, entre autres.

Pourtant, si les objectifs initiaux étaient une réduction de 55% des émissions d’ici 2030 et une neutralité carbone pour 2050, la direction générale de l’Energie et du Climat (DGEC) est assez catégorique, après simulations, sur le fait qu’aucun de ces deux objectifs ne sera atteint en temps en en heure.

La biomasse : mauvaise élève de la décarbonation

L’une des raisons de ce probable échec à venir est l’inefficacité relative de la biomasse-énergie.

Représentant plus 55% de la production d’énergie finale, la biomasse est potentiellement le plus gros contributeur de la réduction de la consommation d’énergies fossiles. Elle provient de la forêt, de l’agriculture (effluents d’élevage, résidus de culture, cultures dédiées etc.) ainsi que des déchets, qu’il s’agisse des déchets ménagers, ceux de la restauration, de la distribution, de l’industrie agroalimentaire, de la pèche, de la filière bois, de stations d’épuration.

Or, la biomasse n’est pas l’arme qu’elle devrait être. « Sur la biomasse, le modèle boucle finalement à 2030, mais pas à 2050 : il va falloir continuer à travailler et faire des choix », a confié une source gouvernementale, dans les colonnes des Echos. Les déchets agricoles censés alimenter les méthaniseurs et les usines de biocarburants ne sont pas en quantités suffisantes.

Par ailleurs, du fait du réchauffement climatique, les forêts et les sols se dégradent. Or, ces sols et ces forêts, censés absorber et stocker naturellement du CO2, jouent de moins en moins leur rôle. « C’est pourtant un élément fondamental de la stratégie de décarbonation, susceptible de représenter plusieurs points de baisse (…) Résultat, nous arrivons à environ 52 % de baisse à 2030, mais pas 55 % », assure ladite source.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.