COP 28 : Consensus final sur les énergies fossiles
Dans la dernière nuit de la COP 28, les 200 Etats participants se sont finalement mis d’accord sur un texte appelant à abandonner progressivement les énergies fossiles, après d’âpres négociations.
Transitionner hors des énergies fossiles
La COP 28 de Dubaï (Emirats Arabes Unis), tenue du 30 novembre au 12 décembre, a connu son dénouement, dans les ultimes instants de la conférence. L’hôte de l’événement, le Sultan Al Jaber a qualifié le texte de « décision historique pour accélérer l’action climatique ». Concrètement, le texte encourage à « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément aux préconisations scientifiques ».
Si la COP 26 de Glasgow (2021) avait déjà abouti à une demande de réduction du charbon, c’est la première fois qu’une COP inclut le pétrole et le gaz dans son texte.
Les ONG, sans pour autant crier victoire, se sont dites satisfaites du texte, comme Caroline Brouillette, directrice du réseau d’ONG Action Climat Canada : « Ce n’est pas une promesse historique (…) mais cela envoie quand même un signal important. C’est la première fois qu’on a de tels mots qui couvrent non seulement le charbon mais aussi le pétrole et le gaz ».
WWF a parlé d’« amélioration » en s’inquiétant néanmoins de l’absence de mention d’une « sortie complète » des fossiles. « Si ce texte est adopté, il représenterait un moment significatif », a, malgré tout conclu, Stephen Cornelius, directeur adjoint de WWF.
Pas d’opposition des pays pétroliers
La semaine précédant la fin de la COP 28, l’OPEP, par la voix de son secrétaire général Haitman Al Ghais, avait fait pression pour rejeter tout accord sur les énergies fossiles. Cette posture avait été dénoncée par les ONG, la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, ainsi que les dirigeants des Etats insulaires, réunis dans l’alliance Oasis -pour qui les conséquences du dérèglement climatique sont une réalité très concrète.
Alors qu’une objection de la part de l’Arabie saoudite et de l’Inde était à craindre, ces pays se sont finalement rangés derrière le texte. Selon une source de l’AFP, le texte a été calibré pour essayer de réconcilier des points de vue opposés et éviter tout blocage. L’ambigüité dans les formulations -afin que chacun y trouve son compte- pourrait être à l’origine de ce consensus.
Malgré tout, certains estime que désormais, aucun retour en arrière n’est possible, comme l’exprime Mohamed Adow, directeur de Power Shift Africa : « Le génie ne retournera jamais dans la bouteille ». Alden Meyer du groupe de réflexion E3G, s’est félicité auprès de l’AFP : « Les Saoudiens essayent furieusement de colmater les barrages mais le sens de l’histoire est clair ».
Le point d’achoppement : le captage et stockage du carbone
L’accord de la COP 28 ne traitait pas uniquement du sort des énergies fossiles mais comportait d’autres orientations. Il incite à tripler les capacités d’énergies renouvelables et doubler le rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030. Le développement de l’exploitation des technologies bas ou zéro carbone telles que l’hydrogène vert et le nucléaire est aussi encouragé.
Un élément, cela dit, semble ne pas faire l’unanimité. La COP 28 exhorte les pays à déployer des techniques pour permettre le captage et le stockage du carbone. Cette proposition est défendue par les pays pétroliers car elle leur donne la possibilité de continuer à pomper des hydrocarbures. Emmanuel Macron, en déplacement à Blagnac le 11 décembre, avait aussi exprimé la volonté d’innover dans ce domaine. Comme d’autres ONG, Action Climat Canada a dénoncé ce volet du texte en le qualifiant de « distraction dangereuse ».