Crise énergie et entreprises : le gouvernement publie une étude
Le CAE, un conseil d’économistes placé auprès du premier ministre, a étudié les conséquences de la hausse des prix de l’énergie sur les TPE et les PME de 2020 à 2023. Il s’est appuyé sur les données bancaires du Crédit Mutuel Alliance Fédérale qui « si elles ne couvrent pas le champ des grandes entreprises, à un échantillon très représentatif du tissu des TPE et des PME ».
Un taux d’exposition au risque énergie plutôt stable
Le rapport fait état d’une augmentation significative des dépenses énergétiques des très petites et moyennes entreprises (TPE et PME) sur la période allant de 2020 à 2023. Cette hausse s’est élevée à 73%, se répartissant en une augmentation de 25% en 2021, de 29% en 2022 et de 7% en 2023.
Malgré cette augmentation, le rapport entre les dépenses d’énergie et le chiffre d’affaires de ces entreprises, appelé « exposition énergétique« , demeure relativement faible. De 1,47% en 2021, il est passé à 1,80% en 2023.
Néanmoins, certains secteurs tels que le transport, la boulangerie ou les pressings ont été davantage affectés, avec des augmentations de dépenses énergétiques trois à quatre fois supérieures.
Les PME ont souffert d’aides énergie plus tardives
Le CAE note que bien que les dépenses énergétiques des TPE aient augmenté de manière significative, elles ont été moins impactées que celles des PME, « sans doute » parce qu’elles ont « bénéficié plus souvent du bouclier tarifaire ». Ainsi, les dépenses des TPE ont augmenté de 21% en 2022 et de 4% en 2023, tandis que celles des PME ont connu des hausses de 31% et 8% respectivement pour les mêmes années.
On constate donc que la mise en place, début 2023, de l’amortisseur d’électricité et du plafond de prix garanti pour les entreprises non éligibles au bouclier tarifaire a permis de limiter la hausse.
Des inégalités existent au sein de mêmes secteurs d’activités
Le rapport pointe « Une forte hétérogénéité des taux de croissance des dépenses plus intrasectorielle qu’intersectorielle ». Cette diversité au sein des secteurs peut être expliquée par trois facteurs principaux. Premièrement, le renouvellement des contrats avec les fournisseurs se fait à des moments différents pour chaque entreprise, ce qui signifie qu’elles sont exposées de manière variable à l’augmentation des prix.
Les entreprises avec des contrats à prix variable peuvent profiter d’opportunité marché mais sont aussi moins protégés contre l’inflation énergétique. Les entreprises avec des contrats long terme et à prix fixe seront quant à elles exposées au moment de la renégociation de ces contrats. Le CAE analyse en revanche que le bouclier tarifaire a « relativement » protégé les entreprises bénéficiant d’un contrat au tarif réglementé de vente (TRV) ou indexé sur ce tarif.
Deuxièmement, à l’intérieur de chaque secteur, certaines entreprises bénéficient du bouclier tarifaire, les protégeant ainsi largement contre l’impact de la hausse des prix. Enfin, l’augmentation des dépenses énergétiques dépend également du volume d’activité de chaque entreprise.
Un taux d’exposition qui a moins progressé que les dépenses énergie
Les données étudiées montrent que « Le taux d’exposition [des TPE et PME] a relativement moins progressé que les dépenses énergétiques », ce qui implique que le chiffre d’affaires a également augmenté au cours de la période explique le CAE.
Cette tendance peut être le résultat de trois phénomènes qui ne sont pas mutuellement exclusifs estime le collège d’économistes :
• Un effet quantité : les augmentations de dépenses sont dues à la croissance des prix ainsi qu’à celle du volume, entraînant une augmentation de la production et donc du chiffre d’affaires.
• Un effet prix : les entreprises ont pu s’adapter aux hausses des prix de l’énergie en les répercutant dans le prix de vente, ce qui a entraîné une hausse du chiffre d’affaires.
• Un effet technologique : face aux augmentations des prix énergétiques, les TPE/PME ont pu réduire la consommation énergétique dans leur production, améliorant ainsi leur efficacité énergétique et gagnant des parts de marché par rapport à d’autres entreprises, ce qui a conduit à une amélioration du chiffre d’affaires.
Le CAE souligne tout de même une détérioration notable de la situation financière de certaines entreprises, attribuable non seulement à la hausse des prix de l’énergie, mais également à d’autres facteurs tels que l’augmentation des matières premières, celle des taux d’intérêt ou la cessation des aides publiques liées à la pandémie de Covid-19.