Crise de l’énergie : l’industrie française propose 5 pistes de réflexion`
Face à l’envolée des cours du gaz et de l’électricité, les ministres européens de l’Energie ont annoncé se réunir en urgence le 9 septembre. Touchés de plein fouet par la crise énergétique, les industriels français grands consommateurs d’énergie regroupés dans l’UNIDEN partagent 5 axes de travail qui leur paraissent aussi essentiels que prioritaires.
Réformer le marché énergie, « une urgence vitale » pour L’industrie française
« Avec l’explosion des prix du marché de gros de l’électricité en Europe, en particulier en France (1100€ / MWh ces derniers jours contre 50 il y a dix-huit mois, avec un mouvement de yoyo permanent), produire ne sera bientôt plus une option » alerte l’UNIDEN.
Alors qu’on n’a jamais tant parlé de souveraineté économique, « Des usines situées en amont de filières entières ont commencé à réduire leur production, ouvrant grand la porte aux importations extra-européennes et aggravant encore le déficit commercial et l’empreinte carbone de nos économies. » déplore cette association d’industriels.
Réformer le marché de l’énergie ne doit plus être un voeu pieux mais un chantier à acter dès aujourd’hui.
L’UNIDEN regroupe les industriels français de l’aluminium, de l’acier, des minerais, ciment, matériaux de construction, verre, papier, pétrochimie, chimie, automobile, électronique, transports et agro-alimentaire, soit plus de 70% de la consommation d’énergie de l’industrie en France.
Voici leurs 5 pistes de réflexion.
Stopper l’automaticité du relèvement du plafond spot
Cette position est également partagée par la Commission de régulation de l’énergie.
Pour rappel, le plafond du prix spot est automatiquement relevé dans l’ensemble des pays membres de l’ACER dès lors que le prix spot atteint 60% du plafond pour une heure dans un seul pays, soit 2 400€/MWh. Une règle qui n’est pas sans incidence… Un événement a notamment montré les limites de la méthodologie en vigueur.
Le 4 avril dernier, le système électrique français a connu un épisode de tension exceptionnelle, marqué par des pics de prix inédits du marché spot français entre 7h et 9h du matin.
Conséquence : cela a déclenché automatiquement une hausse du prix plafond de 1000 €/MWh dans les 24 pays participant au couplage unique journalier.
Dans la foulée, la Commission de régulation de l’énergie a appelé « à réviser l’automaticité du relèvement du prix du marché spot d’électricité avant le mois d’octobre prochain, et à défaut de révision à cette échéance, de la suspendre dans l’attente d’une telle révision »
Plafonner le prix du gaz au niveau européen
L’UNIDEN souhaite la mise en place d’un plafond européen au prix du gaz. Il pourrait être « alimenté par une taxe, très faible mais générale, sur toutes les transactions énergétiques ».
Cette taxe serait acquittée par les fournisseurs et tous les intermédiaires de marché et servirait à compenser l’écart par rapport aux prix internationaux, « via une caisse de compensation européenne ».
Permettre aux Etats-membres de réguler le marché de gros
L’UNIDEN suggère de laisser la possibilité juridique aux Etats-membres « qui le souhaitent » de réguler le marché de gros, via l’instauration de tarifs d’adaptation à la crise (TARAC).
Ces TARAC permettraient de protéger les consommateurs contre des prix de marché décorrélés des coûts de production, qui aujourd’hui génèrent tout à la fois des profits injustes et une destruction de la demande par l’inflation.
« Dans ce cadre, la France pourrait rapidement substituer au dispositif de l’ARENH un prix compétitif régulé du nucléaire existant qui couvre l’ensemble de la production de 2023 à 2035 au moins » propose encore l’UNIDEN.
Ce prix serait « valorisé à un niveau unique pour l’ensemble des consommateurs qui le souhaiteraient et assis sur la réévaluation qui vient d’être faite des coûts du parc nucléaire, avec un dispositif incitatif à la maximisation du productible »
Booster les contrats d’approvisionnement à long terme
L’UNIDEN demande à ce que l’industrie puisse davantage et plus facilement recourir à des contrats longs termes, une pratique qui a déjà fait ses preuves dans « le développement » et « le maintien » de plusieurs sites industriels.
Encadrer de manière « hybride » le marché de gros de l’électricité
Enfin, l’UNIDEN plaide pour la « conception d’un nouveau cadre hybride pour la fourniture en gros de l’électricité en Europe ».
Il serait constitué d’un « premier étage où serait rémunérée la moyenne des coût de production décarbonée (nucléaire, hydraulique, renouvelables), assis quasi exclusivement sur de l’investissement ». Un second étage intégrerait le « marché spot construit, comme actuellement, sur les coûts de la centrale marginale appelée pour assurer continûment et instantanément l’équilibre du système électrique ».
In fine, la construction du prix de détail se ferait ensuite, à l’initiative de chaque Etat-membre, par des combinaisons variables de ces deux composantes.