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Les 175 membres de l’ONU étaient réunis au siège de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) à Londres, ces quinze derniers jours, pour trouver un accord sur la décarbonation du transport maritime. L’objectif est ambitieux mais les moyens pour l’atteindre posent question.

La neutralité carbone d’ici 2050 ?

« Un moment historique (…) notre organisation s’engage devant 8 milliards d’habitants ». C’est par ses mots que le président de l’OMI a ponctué le rendez-vous des membres de l’ONU, réunis dans le but de fixer un cap pour la décarbonation du fret maritime. L’objectif : atteindre la neutralité carbone aux alentours de 2050. Pour plus de lisibilité, le processus a été balisé avec des objectifs intermédiaires à respecter. -20% minimum (en visant -30%) pour 2030 ; -70% minimum (en visant -80%) pour 2040.

Cette perspective divise. Si certains estiment que ces aspirations sont trop radicales et freineront les échanges commerciaux, d’autres, comme les ONG, considèrent que le projet n’est pas assez ambitieux. Ces dernières craignent que le programme menant à la neutralité carbone en 2050 ne soit pas suffisant pour respecter les +1,5°C de réchauffement prévus dans l’Accord de Paris. Elles préconisent une diminution de moitié des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 (contre -20% selon le projet) en précisant que la hausse des coûts liée à cette proposition plus audacieuse sera maitrisable.

Une décarbonation nécessaire

Le fret maritime achemine 80% des produits consommés dans le monde et est responsable de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. « Si le transport maritime était un pays, il serait le 8e plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde », précisait l’ancien candidat aux présidentielles américaines et envoyé spécial des Etats-Unis, John Kerry.

Or, les volumes du commerce maritime étant amenés à tripler d’ici 2050 -augmentant ainsi considérablement les émissions- ce plan devenait essentielle.

La France soutient une taxe carbone

Pour atteindre la neutralité, ce sont quelque 100 000 navires qui devront être décarbonés. Selon les analystes de UBS, cette décarbonation coutera entre 257 et 317 milliards de dollars par an entre 2030 et 2050. « 2030 c’est demain. On ne peut pas réduire les émissions des navires en un tournemain (…) Il existe un panel de solutions possibles mais il n’y en a pas de parfaites. Selon les types de navires et les secteurs, certaines seront plus adaptées que d’autres », explique, pour Les Echos, Nelly Grassin, responsable environnement chez Armateurs de France.

Parmi l’éventail de solutions proposées, se trouve celle de la taxe carbone, plébiscitée par la France. Dilemme : cette proposition est loin de faire l’unanimité. Les pays dont les marchés sont éloignés se verraient grandement désavantagés, provoquant une économie du fret maritime à deux vitesses. Sans compter que, les coûts du fret étant plus élevés, les prix alimentaires se trouveraient impactés par la même occasion, freinant ainsi le développement de certains pays.

En effet, cette taxe pénaliserait en premier lieu les pays d’Amérique latine et d’Afrique. La proposition est en réflexion et une décision la concernant sera prise courant 2025.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.