Dissolution : l’avenir du secteur de l’énergie en suspens
Alors que le président de la République a dissous l’Assemblée nationale le 9 juin, à la suite des résultats des élections européennes, la France de l’énergie se questionne quant à l’avenir de tous les projets en cours, à commencer par la décarbonation.
« Le gouvernement futur va pouvoir refaire ses choix »
Dimanche dernier aux alentours de 20h, le verdict des urnes qui a vu le Rassemblement national arriver en tête des suffrages avec 31,37% des suffrages, a poussé Emmanuel Macron à « redonner le choix de notre avenir par le vote » en annonçant la dissolution de l’Assemblée.
Cette décision vient paralyser la vie politique du pays en mettant en attente tous les projets discutés au Parlement. Parmi ces projets, nombreux concernent le monde de l’énergie. Le secteur, déjà en retard dans sa mutation craint d’accroitre son retard. Quid du « méga appel d’offres » sur l’éolien en mer ? Quid du soutien aux gaz renouvelables qui ont déjà atteint les objectifs de capacités prévus par la précédente programmation ? Quid de la mise en œuvre des contrats commerciaux passés par EDF, dont une étape clé devait avoir lieu fin juin ? « C’est grave ce qui se passe », s’insurge Jules Nyssen, président du Syndicat des Energies renouvelables. Il poursuit : « On est dans une instabilité complète, alors qu’on a besoin de sécurité juridique et de visibilité. Et on va en payer cher le prix. Aujourd’hui, on rebat les cartes, le gouvernement futur va pouvoir refaire ses choix ».
L’industrie veut garder le cap de la décarbonation
L’Uniden, le représentant des grands industriels espère que cette période d’instabilité n’affecte pas de trop la transition de son secteur. Son président, Nicolas de Warren, le précise : « Nous avons une feuille de route claire : nous devons nous décarboner. L’essentiel est d’accéder à une électricité bas carbone à un prix compétitif, qu’elle soit nucléaire ou renouvelable ». Pour assurer cette décarbonation, l’industrie devra s’appuyer, entre autres, sur le développement de l’hydrogène vert qui attend toujours une stratégie révisée du gouvernement. « Elle était attendue à l’été selon le ministère, mais il y a maintenant peu de chances qu’elle soit publiée dans les délais. Or la filière a besoin d’un soutien aux utilisateurs, puisque la stratégie initiale était axée uniquement sur les producteurs », explique Mika Blugeon-Mered, chargé d’enseignement en marché et géopolitique de l’hydrogène, à Sciences Po.
Le Rassemblement national, en position favorable pour les législative avait, lors de la campagne présidentielle de 2022, promis 20 nouveaux réacteurs nucléaires, dont 10 livrés dès 2031, par la voix de sa candidate d’alors, Marine Le Pen. Le parti avait également envisagé un moratoire sur l’éolien avec le démantèlement progressif des parcs.
Les élections législatives auront lieu le 30 juin (1er tour) et le 7 juillet (2nd tour).
Source : AFP