Une étude a démontré que près d’un million de DPE anciens, continueraient à circuler avec une note surévaluée.
12 % des 100 000 logements étudiés par KRNO ont vu leur note baisser avec la nouvelle méthode, suggérant que l’ancienne version leur attribuait une meilleure performance énergétique.

Alors que les enjeux liés à la performance énergétique des logements se renforcent, une enquête de la start-up KRNO alerte sur la persistance de diagnostics erronés dans les transactions immobilières. Près d’un million de DPE anciens, théoriquement caducs, continueraient à circuler avec une note surévaluée, induisant en erreur acheteurs et locataires.

Des DPE « zombies » qui « hantent les transactions »

Depuis la réforme de juillet 2021, les anciens diagnostics de performance énergétique (DPE) ont été rendus obsolètes. Cette réforme a instauré une nouvelle méthode de calcul, considérée comme plus fiable, et a fait du DPE un document juridiquement opposable. Toutefois, une grande confusion subsiste : les anciens DPE affichent encore une durée de validité de dix ans, pouvant s’étendre jusqu’en 2030, alors même qu’ils ne sont plus reconnus légalement depuis fin 2024.

Cette incohérence pose un problème majeur. Les DPE influencent désormais des décisions structurantes : une note « F » ou « G » bloque la hausse de loyer depuis 2022 et une note « G » empêche toute mise en location depuis début 2025. Pourtant, certains propriétaires pourraient continuer à présenter ces diagnostics obsolètes pour louer ou vendre leur bien, en profitant d’une notation plus favorable.

La start-up KRNO, spécialisée dans la vérification des DPE, alerte : « Ils devraient être morts et enterrés, mais ils continuent à hanter les transactions », déclare-t-elle dans une étude publiée récemment. Sur les 700 derniers diagnostics analysés, 6 % étaient des « zombies », c’est-à-dire obsolètes mais encore utilisés. L’entreprise estime que près d’un million de DPE datant d’avant la réforme seraient « surnotés », principalement à cause de la méthode de calcul désormais désuète.

Un « sentiment d’injustice »

Pour appuyer son estimation, KRNO a comparé deux diagnostics d’un même bien (réalisés avant et après la réforme), en s’appuyant sur un échantillon de plus de 100 000 maisons individuelles. Résultat : 12 % des logements ont vu leur note baisser avec la nouvelle méthode, suggérant que l’ancienne version leur attribuait une meilleure performance énergétique.

En extrapolant cette proportion aux 7,7 millions de DPE réalisés entre juin 2015 et novembre 2020 (période visée avant la généralisation de la réforme), KRNO conclut que près d’un million de diagnostics afficheraient encore une note favorable injustifiée.

Pour Ruben Arnold, fondateur de KRNO et diagnostiqueur certifié, cette situation révèle un dysfonctionnement plus large : « Notre étude montre le décalage entre l’État qui assure que tout est carré et la réalité, où les gens ne comprennent plus rien et ressentent un sentiment d’injustice ». Il critique également l’introduction récente de nouveaux seuils extrêmement précis pour les petites surfaces, dans un système qu’il considère comme déjà peu clair.

Face à ces aberrations, KRNO appelle à des réformes structurelles : généralisation d’un identifiant unique pour chaque logement, responsabilisation accrue des propriétaires, et renouvellement plus fréquent des DPE par des opérateurs différents. « Le système n’est pas assez solide pour de futures réformes », conclut Ruben Arnold, des propos qui font écho aux récentes critiques émises par la Cour des comptes.

Source : Les Echos

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.