
En stockant l’hydrogène dans des cavités salines, Engie ouvre une voie prometteuse pour la décarbonation industrielle et l’essor des énergies renouvelables. Le projet « Hypster » concrétise un enjeu stratégique pour l’Europe de demain.
Stocker l’hydrogène sous terre : un pari validé
Le projet « Hypster » (Hydrogen Pilot STorage for large Ecosystem Replication), porté par le groupe français Engie à travers sa filiale Storengy, a démontré la faisabilité du stockage d’hydrogène dans des cavités salines, confirmant son potentiel pour une exploitation commerciale à grande échelle. « On a une petite cavité dans laquelle on a simulé des stockages », illustre Charlotte Roule, vice-présidente hydrogène d’Engie et directrice générale de Storengy. Elle insiste sur l’état actuel de la technologie : « Il faut bien comprendre que pour tout ce qui est stockage d’hydrogène, on est au stade des projets pilotes en Europe. La cavité saline est ce qui est le plus sûr pour démarrer ».
Menés fin 2024 sur le site d’Etrez (centre-est de la France), les essais ont permis de vérifier la compatibilité du sel avec l’hydrogène, dans une cavité située à 800 mètres de profondeur. « L’intérêt du démonstrateur était de tester la réaction du sel et celle de l’hydrogène », explique Mylène Poitou, directrice-adjointe des projets industriels de Storengy. « On a fait la démonstration qu’il était possible de stocker de l’hydrogène dans une cavité saline ».
Ce site, le premier centre français de stockage en cavités salines, compte déjà 20 cavités en activité, capables pour certaines de contenir jusqu’à l’équivalent de 10 Arcs de Triomphe. À terme, ce type d’infrastructure pourrait jouer un rôle clé dans la construction d’une filière industrielle européenne du stockage d’hydrogène renouvelable.
Un outil flexible pour un système énergétique décarboné
Le recours au stockage souterrain d’hydrogène dépasse la seule question de l’infrastructure : il s’agit d’un levier stratégique pour accompagner la transition énergétique. Ce gaz propre servira à décarboner des secteurs lourds comme la sidérurgie, la cimenterie, les raffineries ou les transports (maritime, aérien), tout en venant en appui au réseau électrique. « Le besoin en stockage d’hydrogène va être extrêmement important à l’horizon 2035 », affirme Charlotte Roule. Elle précise que ce stockage jouera un rôle crucial de flexibilité : « Ce sera un vrai outil de flexibilité sur le système énergétique ».
L’un des avantages majeurs des cavités salines est leur réactivité. Contrairement au gaz naturel stocké de manière saisonnière, l’hydrogène pourrait être injecté et retiré à la demande, y compris pour répondre à des pics de consommation quotidiens. « On va être beaucoup plus en réponse à des pics, y compris dans la journée », détaille Charlotte Roule. « C’est une utilisation très différente, et la cavité saline s’y prête ».
En plus de leur étanchéité, ces cavités permettent une modularité précieuse : « Comme on a plusieurs cavités, on peut en mettre une, deux ou trois en service, selon les besoins », souligne-t-elle. Ce fonctionnement suppose toutefois un cadre réglementaire spécifique, que l’Union européenne souhaite établir d’ici 2032-2033. Engie appelle d’ailleurs à « une clarification de l’encadrement du stockage d’hydrogène ».
Reste enfin la question du coût. L’hydrogène renouvelable est encore trop cher pour une adoption massive. « Tout le travail qu’on fait vise à diminuer au maximum le coût », conclut le groupe.
Source : AFP
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.