EDF doit se transformer pour ne pas aller « dans le mur » selon Bercy
Une restructuration nécessaire
Interrogé sur l’avenir d’EDF ce mardi, lors de la présentation de ses vœux à la presse, Bruno Le Maire a fermement contesté toute volonté de « démantèlement » de la part des pouvoirs publics. En revanche, il a insisté avec force sur la nécessité qu’a le groupe français, détenu à 84 %par l’Etat, de se transformer.
« Aujourd’hui EDF va dans le mur si nous ne sommes pas capables de lui donner les moyens d’investir » a ainsi déclaré le ministre de l’économie, précisant que son « niveau d’endettement n’est pas un niveau d’endettement soutenable ».
« Ma responsabilité de ministre de l’Économie et des Finances, c’est de donner à EDF (…) les moyens de se développer et de rester l’une des plus grandes entreprises énergéticiennes de la planète. C’est ça l’objectif ».
… qui n’en finit pas de se dessiner
L’Etat avait demandé en 2018 au PDG de l’Electricien de soumettre un projet de réorganisation.
La présentation officielle du projet « Hercule » devait être effectuée en fin d’année 2019. Depuis, elle n’a cessé d’être repoussée, en raison notamment de la prolongation des discussions entre l’Etat français et les instances européennes, l’accord de Bruxelles étant nécessaire sur le sujet.
Dernièrement encore, Barbara Pompili a reporté son audition à l’Assemblée nationale sur la restructuration, initialement prévue le 21 janvier, au 4 février.
A l’heure actuelle, il semblerait que le gouvernement penche pour un remaniement avec 3 entités différentes
- EDF Bleue qui accueillerait l’activité de production nucléaire et le transport et qui serait détenue à 100 % par l’État ;
- EDF Azur, détenue en tout ou partie par EDF Bleue, qui prendrait en charge l’activité hydro-électrique. Les concessions seraient donc dans une relation de quasi régie avec l’Etat.
- EDF Verte, qui ne serait que partiellement détenue par l’État et qui serait cotée en Bourse. Elle hébergerait les activités de production d’énergies renouvelables, mais aussi la fourniture et la distribution d’électricité ainsi que les autres activités en concurrence, à l’exemple de Dalkia.
Mais rien n’est encore acté. Selon Bruno Le Maire, les discussions avec Bruxelles «ne sont pas encore abouties ». Le ministre a aussi tenu à souligner qu’il informerait les organisations syndicales «dès lors que nous aurons une vision plus claire de la position définitive de la Commission européenne».
Les syndicats durcissent le ton
Alors qu’une nouvelle journée de grève est annoncée pour le 19 janvier, l’intersyndicale d’EDF a publié un communiqué commun ce jour « pressant le président de la République de renoncer au projet Hercule » et demande « l’organisation d’un véritable débat public sur l’avenir d’EDF et ses moyens d’investissement au service de la Nation. »
« Face à un projet Hercule conçu sur des fondamentaux strictement financiers et conduisant de fait à la désintégration de leur entreprise, les salariés du Groupe EDF n’ont pas hésité à se mobiliser massivement en affichant leur opposition. Ce projet n’est pas une exigence de la Commission européenne comme certains voudraient le faire croire. Il ne répond ni à la question de la faiblesse endémique des fonds propres d’EDF ni à celles des moteurs de son endettement, du portage de sa dette et de la sous-rémunération chronique dont souffre l’entreprise depuis 2010 avec la mise en œuvre de la loi NOME. » martèlent les syndicats.