EDF & Etat : 3 dossiers cruciaux

Bernard Fontana, dont la future nomination par le gouvernement à la tête d’EDF vient d’être approuvée par le Parlement, se retrouve devant trois défis de taille : les prix de l’électricité, la relance du nucléaire et son financement.
Les prix de l’électricité
La décision d’évincer Luc Rémont, le 21 mars, a mis en lumière de profonds désaccords entre l’énergéticien et son unique actionnaire, l’Etat. Le PDG d’EDF s’est exprimé dans un long entretien au Figaro dans lequel il a défendu son bilan et son objectif de renouer avec la rentabilité de l’entreprise : « EDF, pour être à la hauteur de ses missions d’intérêt général, doit selon moi d’abord être performante, compétitive et dirigée comme telle ». Or, des divergences sont apparues concernant notamment le coût de l’électricité pour les grands industriels électro-intensifs à partir de 2026. Ces industries (fonderies d’aluminium, chimie etc.) disposent de tarifs préférentiels jusqu’au 31 décembre prochain.
L’accord établi permet à EDF, à partir de 2026, de vendre son électricité plus librement à un prix cible de 70 € du MWh sur 15 ans assorti d’un mécanisme de redistribution aux consommateurs en cas de prix élevés d’EDF. Pour les grands industriels, EDF devait conclure des contrats de long terme à prix préférentiel, mais ces négociations ont tourné au bras de fer. Fustigé par les industriels pour ses prix jugés prohibitifs, EDF s’est aussi attiré les foudres de l’Etat soucieux d’éviter une désindustrialisation. Or, jusqu’à présent, seuls deux contrats ont été signés. Lundi, l’Uniden avait dit espérer trouver un accord « avant l’été » sur le prix.
Relance du nucléaire
Emmanuel Macron, dont l’un des objectifs est de faire de la France la « première nation industrielle décarbonée d’Europe », avait annoncé en février 2022, la relance du nucléaire avec six réacteurs EPR2 en prévision. Depuis, les échéances ont été repoussées à plusieurs reprises – avec une sortie de terre initialement prévue en 2035, puis en 2037 et avec une dernière estimation en 2038. Il en va de même pour les coûts qui croissent à chaque réévaluation (79,9 milliards d’euros dans les dernières prévisions en date). De quoi pousser le conseil de politique nucléaire réuni par Emmanuel Macron le 17 mars, à lancer un « suivi renforcé » du projet par le gouvernement. EDF doit « amplifier les actions de maîtrise des coûts et du calendrier » et « présenter d’ici la fin de l’année un chiffrage engageant, en coûts et en délais », une tâche qui reviendra à Bernard Fontana. La décision finale d’investissement, attendue courant 2026, sera l’une des étapes majeures.
Financement de la relance
Le conseil de politique nucléaire a esquissé les grandes lignes du schéma de financement, prévoyant un prêt à taux zéro pendant la durée de construction assorti d’un mécanisme de prix garanti par l’Etat.
Mais, les modalités précises n’ont pas pu être validées, faute de finaliser les discussions entre EDF et Luc Rémont sur le partage des coûts. « Je n’ai pas été entendu », s’est insurgé le futur ex-PDG au Figaro. Luc Rémont militait pour un prêt à taux zéro sur l’ensemble de la durée de remboursement et pour un « pacte de confiance ». Autrement dit, une sorte de « contrat moral » dans lequel l’Etat s’engagerait à ne pas augmenter les taxes ou impôts sur le nucléaire durant cette période.
Source : AFP