
Le nouveau PDG d’EDF, Bernard Fontana, cherche à renouer le dialogue avec les industriels, clients majeurs et inquiets de la fin de l’ARENH. Sa stratégie : assouplir les conditions commerciales et réaffirmer le rôle central d’EDF dans la souveraineté énergétique de la France.
Un nouveau dialogue pour sortir du bras de fer tarifaire
« EDF a un rôle central à jouer pour assurer la souveraineté industrielle de la France ». Nommé la semaine dernière à la tête d’EDF en lieu et place de Luc Rémont, Bernard Fontana affiche sa volonté de tourner la page des tensions entre l’entreprise publique et ses principaux clients industriels, exaspérés par les tarifs jugés trop élevés de l’électricité. Dans sa première interview accordée au journal Les Échos, il affirme avoir lancé des démarches concrètes pour renouer le dialogue : « J’ai demandé à mes équipes de rechercher des marges de manœuvre pour débloquer les discussions avec les industriels avec un message simple : “On comprend vos enjeux, vos besoins et on travaille ensemble » », déclare-t-il.
Ce bras de fer s’inscrit dans un contexte délicat : à la fin de l’année 2025, l’ARENH, dispositif qui permettait aux industriels de bénéficier de tarifs avantageux, prendra fin. Les discussions sur les nouveaux contrats de long terme censés lui succéder ont été particulièrement tendues et ont contribué à fragiliser les relations entre EDF et l’État. Le prédécesseur de Bernard Fontana, Luc Rémont, en a fait les frais, remercié par l’Élysée fin mars après un peu plus de deux ans de mandat.
Des mesures concrètes et une stratégie industrielle réaffirmée
Souhaitant apaiser les relations et apporter de la visibilité à ses clients, Bernard Fontana annonce des ajustements dans l’approche commerciale : facilités de paiement (« lisser » les acomptes), partage des risques et flexibilités sur certains éléments tarifaires. « Nous sommes dans une logique partenariale avec nos clients », insiste-t-il, en rappelant que la conjoncture énergétique est plus favorable : les prix de gros à cinq ans ont reculé de 34 % depuis novembre 2023. Selon Bernard Fontana, EDF s’est « adapté au nouveau contexte de marché (…) Les clients français disposent de l’électricité parmi la moins chère du monde (…) moins 25 euros par MWh par rapport à l’Allemagne, moins 40 euros par rapport ) l’Italie ».
Les annonces récentes vont dans le sens de cette détente : EDF a signé un contrat de long terme avec Aluminium Dunkerque, premier consommateur d’électricité sur un site unique en France, et reçu deux nouvelles lettres d’intention, portant à douze le nombre de projets similaires en cours. Objectif affiché : finaliser des contrats d’ici l’été avec d’autres industriels électro-intensifs.
Enfin, pour renforcer la soutenabilité financière de l’entreprise, Bernard Fontana mise sur une hausse significative de la production nucléaire – de 360 à 400 TWh à l’horizon 2030. Cela passera notamment par le remplacement des turbines de certains réacteurs par des modèles plus puissants. Côté international, EDF se montre plus sélectif, mais continue à investir pour bénéficier d’économies d’échelle, notamment dans le nucléaire. Quant aux controversées enchères sur l’électricité nucléaire, elles sont reportées à l’automne.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.