La tension autour des prix de l’électricité en France vient de franchir un nouveau cap.

EDF a annoncé la mise en place d’un système d’enchères européennes pour proposer des contrats à long terme adossés à sa production nucléaire. Une initiative qui suscite l’incompréhension et la colère des grands consommateurs d’énergie.

Une annonce qui fait grincer des dents

À partir de 2025, EDF annonce ainsi proposer des contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN) à travers un mécanisme d’enchères à l’échelle européenne à destination des :
– Consommateurs qui ont des besoins supérieurs à 7 GWh/an,
– Fournisseurs ou producteurs disposant d’une capacité d’enlèvement physique de l’électricité en France

Cette décision a suscité une vive réaction de l’Uniden, l’association représentant les industriels les plus consommateurs d’énergie, qui dénonce une « attitude incompréhensible » d’EDF.

Selon l’Uniden, ce système favoriserait les entreprises prêtes à payer plus cher, au détriment des industries qui ont besoin d’une énergie à prix compétitif pour rester concurrentielles sur le marché international.

« Avec cet appel d’offres et sans poursuite de discussions bilatérales avec les industriels, EDF préférerait clairement vendre aux plus offrants plutôt qu’à ceux qui en ont besoin » déplorent les grands consommateurs.

Ainsi, « les seuls bénéficiaires de cet appel d’offres seront, outre les fournisseurs alternatifs, les consommateurs qui peuvent refacturer le coût de l’électricité, quel qu’il soit, à leurs clients, ceux qui ne sont pas exposés à la concurrence internationale ou ceux pour lesquels l’électricité ne pèse guère dans leur coût de revient.» abondent-ils encore.

L’Uniden « attend donc qu’en parallèle de cet appel d’offres et prioritairement, EDF respecte l’engagement écrit pris avec l’État de contracter, dans des termes compétitifs internationalement, 40 TWh avec les industriels électro-intensifs et électrosensibles concernés ».

Un bras de fer entre EDF, l’État et les industriels

Depuis novembre 2023, EDF et les industriels sont engagés dans des négociations pour la mise en place de contrats de long terme, dits d’allocation de production nucléaire (CAPN). Ces contrats visent à remplacer le dispositif ARENH, qui prendra fin en décembre 2025. EDF propose un prix moyen de 70 €/MWh sur 15 ans, ce qui reste bien au-dessus des attentes des industriels.

Malgré plusieurs mois de discussions, seul un contrat ferme a été signé à ce jour, ce qui inquiète le ministère de l’Énergie. L’État, unique actionnaire d’EDF, fait pression pour conclure davantage d’accords et assurer un approvisionnement énergétique stable aux industries.

EDF assure que les négociations se poursuivent et qu’un deuxième gros contrat devrait être signé prochainement avec un industriel de la chimie.

L’entreprise explique aussi vouloir « trouver une solution avant début 2026 » pour tous les industriels concernés.

Les industriels vent debout

À la suite de l’Uniden, plusieurs organisations professionnelles, dont France Chimie, A3M (la fédération regroupant les acteurs de l’extraction minière, de la métallurgie, de la sidérurgie et du recyclage des métaux), Aluminium France et France Ciment, expriment leurs doutes quant à la mise en application de l’accord conclu entre l’État et EDF.

Dans un communiqué publié le 10 mars, elles alertent sur le niveau de prix proposé par EDF, jugé trop élevé pour garantir leur compétitivité face aux acteurs américains et chinois.

« Nous souhaitons alerter sur l’impact qu’aurait une nouvelle hausse des prix de l’électricité pour nos secteurs » avertissent-elles, insistant sur l’urgence de définir collectivement une alternative à l’ARENH avant son extinction prévue le 31 décembre 2025.

Cette solution devrait, selon elles, préserver la compétitivité industrielle tout en soutenant les efforts de décarbonation et en permettant à EDF de financer le renouvellement de son parc nucléaire.

Si EDF reconnait bien les difficultés de ces secteurs, l’Energéticien les attribue en partie à la hausse des prix du gaz. «  Il ne faut pas essayer de faire porter à l’électricité un chapeau trop grand pour elle » a ainsi réagi vendredi auprès de l’AFP le directeur exécutif chargé du pôle clients, Marc Benayoun.

Charlotte Martin
Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.