Tandis que l’économie mondiale montre des signes d’essoufflement, la demande en électricité continue de croître à un rythme effréné.

Tandis que l’économie mondiale montre des signes d’essoufflement, la demande en électricité continue de croître à un rythme effréné. Tirée par la Chine, l’Inde et les États-Unis, cette dynamique s’accompagne d’une transformation inédite du paysage énergétique mondial, marquée par l’essor des renouvelables et le retour en force du nucléaire.

Une forte croissance mondiale… sauf en Europe

Selon un rapport publié ce 30 juillet par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation mondiale d’électricité devrait croître fortement jusqu’en 2026. « La boulimie mondiale d’électrons reste insensible à l’atonie de l’économie », souligne l’AIE. La croissance atteindrait 3,3 % en 2025 et 3,7 % en 2026, bien au-dessus de la moyenne annuelle de 2,6 % enregistrée entre 2015 et 2023. À elle seule, la Chine représente 50 % de cette hausse, avec une croissance prévue de 5 % en 2025, puis 5,7 % l’année suivante. L’Inde affiche un rythme encore plus soutenu, à 6,6 %, tandis que les États-Unis devraient croître de 2,2 % en 2026. En revanche, l’Europe voit sa consommation plafonner autour de 1,5 %, en raison d’une croissance économique plus faible et d’une production industrielle stable.

Cette croissance mondiale est portée par plusieurs tendances structurelles : en Chine, l’électrification des usages (véhicules électriques, pompes à chaleur) et l’essor des infrastructures numériques (centres de données, 5G) stimulent fortement la demande. En Inde, ce sont l’industrialisation rapide, la montée des services, et l’équipement croissant des ménages en climatiseurs qui alimentent cette dynamique. Les États-Unis, quant à eux, voient leur consommation électrique exploser du fait de l’expansion des centres de données, qui atteignent déjà 180 TWh en 2024. « Les investissements massifs dans l’intelligence artificielle accélèrent encore cette tendance », note l’AIE. À cela s’ajoute l’émergence de nouvelles industries high-tech telles que la fabrication de semi-conducteurs ou de batteries.

90% Soit la part de la hausse de la demande d’électricité mondiale couverte par l’éolien et le solaire en 2025, selon l’AIE.

Mix énergétique mondial : vers le renouvelable et le nucléaire

Face à cette demande galopante, le paysage énergétique mondial se transforme rapidement, avec un basculement net vers les énergies bas carbone. L’AIE souligne que l’éolien et le solaire couvriront à eux seuls 90 % de la hausse de la demande électrique mondiale en 2025. Leur production devrait dépasser les 5 000 TWh en 2025, puis 6 000 TWh en 2026, contre 4 000 TWh en 2024. « Leur part dans le mix passera ainsi de 15 % en 2024 à près de 20 % en 2026 », indique l’agence. Dans le même temps, la production issue du charbon amorce une baisse dès 2025 après une légère hausse en 2024. Ce basculement est particulièrement marqué en Chine et en Inde, où les énergies renouvelables gagnent rapidement du terrain.

L’Europe, quant à elle, a vu sa production charbonnière augmenter temporairement au premier semestre 2025 (+3 %) pour compenser la faiblesse de l’éolien et de l’hydraulique. Aux États-Unis, la hausse des prix du gaz a paradoxalement renforcé le recours au charbon, malgré les ambitions climatiques affichées.

Autre fait marquant : la production d’électricité nucléaire s’apprête à battre un record en 2025. Elle est soutenue par le redémarrage de centrales au Japon, la forte activité aux États-Unis et en France, et la mise en service de nouveaux réacteurs en Chine, en Inde et en Corée du Sud.

Source : Les Echos

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.