Electricité : à quoi s’attendre pour l’hiver 2023/2024 ?
Ce 28 juin 2023, RTE a livré ses prévisions pour les 6 prochains mois.
La sécurité d’approvisionnement en électricité assurée … sous certaines conditions
Les voyants sont au vert pour l’été 2023 : « Le système électrique apparaît en mesure de faire face aux besoins y compris en cas de canicule et de sécheresse ». RTE rappelle néanmoins que cela implique une poursuite des efforts de sobriété énergétique ainsi qu’une « maximisation de la production du parc nucléaire ».
De même le gestionnaire se veut rassurant quant à l’automne à venir, sur lequel ne pèse aucun risque spécifique, loin de la situation rencontrée à l’automne 2022. Ce dernier en effet « présentait un profil de risque très atypique », entre une faible disponibilité du parc nucléaire français, des stocks hydrauliques bas et des tensions sur l’approvisionnement en gaz.
La prudence reste encore de mise pour l’hiver 2023-2024
Le nucléaire en point de vigilance
« Pour l’hiver 2023-2024, la situation est significativement plus favorable que celle initialement envisagée pour l’hiver dernier ». Si l’hiver prochain devrait ressembler à l’hiver 2021-2022 en termes de sécurité énergétique, RTE nuance tout de même son propos. Précisément, le gestionnaire de réseaux rappelle que ses prévisions sont conditionnées à plusieurs points, notamment :
– la baisse de la consommation
– le niveau de disponibilité des centrales nucléaires.
Le rapport invite donc à la « prudence, du fait des incertitudes qui demeurent à six mois de l’échéance sur la disponibilité précise des réacteurs. » Notamment, RTE souligne que les grèves liées à la réforme des retraites a décalé les plannings de maintenance.
RTE mise sur une disponibilité du parc nucléaire entre 40 et 45 GW le 1er décembre 2023, et entre 45 et 50 GW au cours du mois de janvier, soit une hausse de + 5 GW de la disponibilité moyenne par rapport à l’an passé.
Pour qu’aucun risque ne pèse sur la sécurité d’approvisionnement, il faudrait donc que la fourchette haute de ces estimations soit atteinte et que le mouvement des économies d’énergie se prolonge.
Une baisse de la consommation marquée, qui doit être maintenue
Nouveau prérequis de notre sécurité d’approvisionnement en électricité, la baisse de la consommation parait plus importante que jamais pour l’équilibre offre/demande. RTE demande à ce que les efforts de sobriété énergétique ne se relâchent pas durant cet été, pour mieux préparer l’hiver.
– « la maîtrise de la consommation permet de réduire les tensions sur le système électrique, qui peuvent intervenir l’été notamment du fait de la sécheresse ou lors de canicules » ;
– « il convient d’économiser les stocks hydrauliques et gaziers durant l’été afin de pouvoir en disposer au maximum lors de l’hiver. »
Pourquoi les prix à terme sont-ils si élevés ?
La France est de nouveau fortement exportatrice d’électricité, avec des niveaux d’exports qui n’avaient plus été enregistrés depuis l’automne 2021. Les prix français sur le marché spot sont depuis plusieurs mois significativement inférieurs à ceux de ses voisins européens, comme l’Allemagne ou l’Italie. Une situation qui est « conforme aux fondamentaux techniques et économiques. » note RTE. Mais alors pourquoi les prix sur les marchés à terme restent très élevés, notamment pour l’hiver 2023 et 2024, alors que l’ensemble des commodités ont baissé, le gaz en tête ?
« RTE souligne à nouveau la déconnexion entre ces niveaux de prix (quelles qu’en soient les raisons) et les fondamentaux réels du système, même en retenant des projections prudentes pour la production nucléaire lors de l’hiver […] Cette déconnexion constitue aujourd’hui un problème majeur, de nature à diminuer la confiance des acteurs économiques et perturber la stratégie de décarbonation. »
Pour le gestionnaire, ces prix élevés traduisent l’intégration d’une prime de risque importante et une anticipation d’un possible déséquilibre du système, dues en particulier aux incertitudes autour du parc nucléaire.
Quoi qu’il en soit, cette situation de prix élevés est préoccupante, notamment parce qu’elle envoie des signaux dissuasifs dans un contexte de décarbonation et d’électrification massive.