
Le gestionnaire du réseau RTE a publié son bilan du système électrique pour le premier semestre 2025. Consommation, production, prix, échanges internationaux… Que faut-il retenir ? Tour d’horizon d’un semestre placé sous le signe de la stabilité et de l’abondance en électricité décarbonée.
Une consommation stable, toujours en retrait par rapport à l’avant-crise
La consommation d’électricité est restée quasi stable au premier semestre 2025 par rapport à l’année précédente : 230,8 TWh contre 230,2 TWh en 2024. Ce niveau reste cependant 6 à 7 % en dessous des volumes observés entre 2014 et 2019, avant les crises sanitaire et énergétique.
Dans le secteur industriel, les situations sont contrastées. Si la consommation de l’industrie chimique recule fortement (-10 %), d’autres secteurs poursuivent leur redressement, notamment la métallurgie, l’agroalimentaire et le transport ferroviaire.
RTE observe une accélération des demandes de raccordement pour de nouveaux usages industriels (hydrogène, électro-carburants, data centers…) : 160 projets représentant 25 GW de puissance ont déjà obtenu un droit d’accès au réseau.
« La concrétisation d’une partie seulement – même mineure – de ces projets résulterait en une augmentation notable de la consommation d’électricité française et marquerait l’enclenchement d’une véritable dynamique d’électrification du pays. »
Une production toujours très largement décarbonée
La production française est à 95 % décarbonée.
Le nucléaire progresse encore (+2,4 %) tout comme le solaire (+28,8 %), qui profite de bonnes conditions d’ensoleillement et de l’augmentation du parc installé.
À l’inverse, les productions hydraulique et éolienne reculent en raison de conditions météorologiques moins favorables.
Un solde exportateur élevé, mais inférieur à 2024
Grâce à l’abondance de sa production, la France reste exportatrice nette sur l’ensemble du semestre (+37,6 TWh), principalement vers l’Italie, la Suisse et le Royaume-Uni. Toutefois, les flux vers l’Espagne restent importateurs, comme en 2024, en raison d’une forte production renouvelable ibérique.
Des prix toujours compétitifs en France
Sur le marché spot, le prix moyen s’établit à 67 €/MWh (+44 % sur un an), une hausse liée aux températures froides de l’hiver, à la hausse du gaz et des quotas CO₂. Malgré cela, les prix français demeurent parmi les plus bas d’Europe, juste derrière l’Espagne.
Sur les marchés à terme, la tendance est inversée : les prix français reculent nettement, signe que les acteurs anticipent une production nationale durablement abondante. Les prix pour livraison en 2026 sont 24 €/MWh inférieurs à ceux de l’Allemagne.
Multiplication des épisodes de prix négatifs
Au premier semestre, la France a connu 363 heures de prix spot négatifs, contre 235 un an plus tôt. Ces épisodes surviennent surtout au printemps, lors des après-midis ensoleillés, où la production solaire dépasse les besoins. Résultat : 2 TWh d’électricité renouvelable (principalement solaire) ont été écrêtés, soit une hausse de plus de 80 % en un an.
Une flexibilité accrue du système électrique
Pour maintenir l’équilibre offre-demande, les parcs éoliens et solaires participent de plus en plus au mécanisme d’ajustement de RTE. Le volume mobilisable a quadruplé en un an.
« Durant le premier semestre 2025, RTE a activé 35,5 GWh d’ajustements à la baisse de production de capacités éoliennes et solaires, soit environ le double des ajustements réalisés sur l’ensemble de l’année 2024. »
Des évolutions réglementaires vont renforcer cette dynamique à partir de 2026, en rendant cette participation obligatoire pour les installations de plus de 1 MW.
Été 2025 : pas d’alerte sur la sécurité d’approvisionnement
Selon RTE, aucune difficulté n’est à prévoir pour l’approvisionnement électrique cet été. Le parc de production (nucléaire, hydraulique, renouvelables) affiche une bonne disponibilité, et les niveaux de consommation projetés restent modérés. Même en cas de canicule, la pointe ne devrait pas excéder 60 GW.
Le principal enjeu de l’été reste la gestion des excédents de production. Pour y faire face, RTE dispose de plusieurs leviers : ajustements à la baisse, écrêtements, exportations, voire limitations préventives de production.
Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée
Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.
Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.