Energie : l’Europe a-t-elle vraiment passé la crise ?
La Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a profité de l’ouverture du forum de Davos pour saluer la résilience dont ont fait preuve les 27 face à la crise de l’énergie. Elle a aussi rappelé que rien n’est gagné.
La réponse collective européenne, solution face à la hausse des prix de l’énergie
« Nous avons été confrontés à des choix difficiles et à des incertitudes, en particulier durant l’hiver. Mais nous avons fait les bons choix. » s’est ainsi félicitée ainsi von der Leyen.
Il y a deux ans, avant l’agression russe contre l’Ukraine, l’Union européenne dépendait fortement de la Russie. Cette dernière fournissait une unité d’énergie sur cinq consommée en 2021. Une dépendance qui, déjà ,avait été perçue comme un risque après l’annexion de la Crimée par la Russie. L’invasion de l’Ukraine a accentué cette vulnérabilité, notamment lorsque la Russie a coupé l’approvisionnement en gaz à destination de l’Europe.
Mais l’Europe a su rebondir et reprendre « son destin énergétique en main » rappelle la Présidente de la Commission européenne. Ainsi, en 2023, une unité d’énergie sur vingt seulement consommée dans l’Union européenne provenait de Russie.
Van der Leyen ne minimise pas l’impact économique. Cependant, elle préfère mettre en lumière les « réels progrès dans l’amélioration de la résilience du système énergétique » des 27.
À l’heure actuelle, les prix de l’énergie ont diminué et sont restés bas même au cours de la récente vague de froid en début de janvier. Les réserves de gaz demeurent bien approvisionnées. Une situation rassurante, rendue possible selon elle parce que les Européens ont accentué leurs efforts dans la transition énergétique, « en investissant dans les technologies propres, efficaces et renouvelables du futur ».
Le rôle majeur des acteurs de l’énergie européens face à la crise
Les récents chiffres de l’Agence internationale de l’énergie indiquent qu’en 2023 la croissance de la capacité de production d’énergies renouvelables a atteint un niveau record au sein de l’Union européenne. Parallèlement, l’efficacité énergétique a progressé d’environ 5% sur l’ensemble du Vieux Continent. L’année dernière a marqué un tournant, car, pour la première fois, l’Union européenne a généré plus d’électricité à partir de sources éoliennes et solaires que de gaz. De même, autre première, l’Union européenne devrait produire davantage d’énergie éolienne et solaire grâce aux panneaux photovoltaïques qu’elle n’en importe de Russie.
« Nous avons ainsi transformé le défi de Poutine en une nouvelle opportunité majeure » se réjouit van der Leyen avant d’appeler à retenir « la leçon essentielle de la crise », à savoir qu’une « dépendance excessive à l’égard d’une seule entreprise, d’un seul pays, ou d’une seule voie commerciale comporte des risques. »
L’Europe est de plus en plus dépendante du gaz américain
Cette conclusion fait écho aux échanges tenus par les ministres des finances des États membres de la zone euro lors de leur dernière réunion de travail en date du 15 janvier.
Il a ainsi été souligné que la forte dépendance de l’Union européenne vis-à-vis des importations de gaz a renforcé le désavantage des producteurs européens par rapport aux États-Unis, le plus grand exportateur mondial de gaz, où les entreprises bénéficient d’un accès à une énergie moins coûteuse. Ce contexte risque d’exercer une pression sur la balance des comptes courants de la zone euro et entraîner des conséquences économiques plus larges.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Paolo Gentiloni, a également alerté sur les conséquences des troubles au Moyen-Orient, qui actuellement « impactent les voies maritimes dans la région ». Si cette situation persistait ou s’aggravait, cela pourrait avoir des conséquences sur les prix et perturber la chaîne d’approvisionnement, contribuant potentiellement à une nouvelle augmentation de l’inflation.