Le 22 juillet, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a pointé du doigt les agissements contradictions des pouvoirs publics face à la transition énergétique.
Des renouvelables compétitives mais freinées par les contradictions politiques
Dans un discours sans détour prononcé mardi, Antonio Guterres a défendu avec force le développement massif des énergies renouvelables, soulignant leur pertinence tant climatique qu’économique. « Les renouvelables sont restées l’option la plus compétitive en termes de coûts », selon un rapport publié en parallèle par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). En 2024, plus de 90 % des nouvelles installations industrielles renouvelables ont fourni une électricité « moins chère que la moins chère des alternatives fossiles ».
Cependant, malgré un record de 582 gigawatts installés en 2024 – principalement grâce au photovoltaïque –, « le développement des infrastructures et le raccordement aux réseaux ne suivent pas », a souligné Guterres. Le mix énergétique mondial reste encore largement dominé par les combustibles fossiles, principaux responsables du réchauffement.
Il a également dénoncé les inégalités flagrantes dans la répartition de la capacité renouvelable : « Les pays de l’OCDE et la Chine représentent 80 % de la capacité installée mondiale. Le Brésil et l’Inde, près de 10 %. L’Afrique, seulement 1,5 % ».
Dans la perspective de la COP30 prévue en novembre au Brésil, il appelle les gouvernements à présenter des plans climatiques ambitieux, alignés avec les promesses internationales : « Multiplier par deux l’efficacité énergétique et par trois les capacités en énergies renouvelables d’ici à 2030 », tout en engageant une sortie progressive des énergies fossiles. Mais il pointe aussi les contradictions des politiques actuelles : « Trop souvent, les gouvernements envoient des messages contradictoires : un jour, des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables. Le lendemain, de nouvelles subventions aux combustibles fossiles ». Dans les colonnes du média d’Opéra Energie, en mars dernier déjà, Mladena Pavlova Joveski (consultante au Cabinet de Conseil LCP Delta) attribuait une grande partie du ralentissement de la transition énergétique aux atermoiements des responsables publics sur les règles et les aides à la transition.
Enfin, Antonio Guterres rappelle l’urgence absolue : « La limite de 1,5 °C devient plus que jamais un vœu pieux ». L’année 2024 s’est révélée être la plus chaude jamais enregistrée, marquant une décennie entière de records de température. Un avertissement climatique que l’inaction ne saurait ignorer.
Le secteur technologique doit « montrer la voie »
Au-delà des gouvernants, le secrétaire général de l’ONU a également appelé l’industrie technologique à jouer un rôle de premier plan dans la révolution énergétique. Alors que les outils numériques, et en particulier l’intelligence artificielle (IA), connaissent un développement fulgurant, leur impact environnemental devient de plus en plus préoccupant. « Rien ne peut arrêter la transition énergétique », a affirmé le secrétaire général des Nations Unies, dénonçant une nouvelle fois les efforts « voués à l’échec » des industries fossiles pour freiner ce changement.
Il a exhorté le secteur technologique à « montrer la voie » : « L’intelligence artificielle peut rendre les systèmes énergétiques plus efficaces, plus innovants et plus résilients. Et nous devons en profiter. Mais elle est aussi extrêmement énergivore. Un centre de données IA typique engloutit autant d’électricité que 100 000 foyers », a-t-il précisé.
Selon un rapport publié simultanément par son équipe climat, les centres de données ont consommé en 2024 près de 1,5 % de l’électricité mondiale, soit environ 415 TWh. Une consommation appelée à exploser : « Ce chiffre devrait plus que doubler d’ici 2030 à environ 945 TWh, ce qui est environ équivalent à la consommation d’électricité annuelle du Japon aujourd’hui », prévient le rapport. « Cette situation n’est pas viable – et c’est à nous d’y remédier », a martelé Antonio Guterres. Il appelle donc toutes les grandes entreprises technologiques à « faire en sorte que tous leurs centres de données fonctionnent aux énergies renouvelables d’ici à 2030 ».
Source : AFP
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.