La baisse récente des émissions industrielles masque en réalité un repli de production, tandis que le contexte géopolitique et économique fragilise la trésorerie des ETI et retarde les investissements de décarbonation.

Des émissions industrielles en recul… surtout liées à la baisse d’activité

En 2024, les 50 plus gros sites industriels français ont vu leurs émissions de CO₂ diminuer de 1,4 %. Un résultat bien plus modeste que la baisse de 10,2 % enregistrée en 2023, et qui s’explique avant tout par un ralentissement de la production.

Dans un rapport commun, les ONG Réseau Action Climat (RAC) et France Nature Environnement rappellent ainsi que ces baisses ne traduisent pas une véritable transformation des procédés industriels, mais reflètent plutôt une conjoncture dégradée dans les secteurs les plus polluants (acier, chimie, ciment).

C’est par exemple le cas d’ArcelorMittal qui a suspendu ses projets de décarbonation à Dunkerque et Fos-sur-Mer (les deux sites les plus émetteurs du pays), réclamant davantage de protections face à la concurrence internationale, notamment chinoise.

De quoi nourrir les inquiétudes des ONG, qui redoutent un rebond rapide des émissions si l’activité repart, faute d’investissements structurels.

L’incertitude budgétaire comme frein à la transition

Selon RAC et France Nature Environnement, le problème ne relève pas uniquement des industriels mais aussi du cadre politique et financier.

Le manque de visibilité budgétaire est perçu comme un frein majeur : les entreprises ont besoin de garanties claires pour investir dans la décarbonation.

Les ONG appellent donc à inscrire cette transformation dans une planification industrielle cohérente, appuyée sur une loi de programmation des financements verts.

Des trésoreries sous pression

Cette incertitude se retrouve aussi dans la sphère financière. La dernière enquête AFTE-METI-Rexecode souligne que 22 % des ETI et grandes entreprises jugent leur trésorerie « difficile », un niveau supérieur à la moyenne historique. Le solde d’opinions reste négatif (-11,2 %), signe que les marges de manœuvre financières sont limitées.

Les délais de paiement demeurent une source de tension : un quart des entreprises constate un allongement des délais clients, ce qui pèse directement sur leur trésorerie.

Parallèlement, « Les tensions géopolitiques maintiennent une forte volatilité des métaux importés (cuivre, aluminium, plomb, argent, palladium) et de certaines matières premières industrielles et agro-industrielles (caoutchouc). »

De même,  « Malgré des prix de l’énergie restés bas cet été, les trésoriers perçoivent une hausse des coûts, accentuée par la reprise des taux de fret. »

Instabilité politique et climat d’attentisme

La chute du gouvernement Bayrou et les débats autour du budget 2026 accentuent ce climat de tension.

18 % des trésoriers estiment que l’incertitude politique a un impact fort sur leur trésorerie, et 20 % anticipent des conséquences négatives sur leurs projets d’investissement. Néanmoins, les embauches résistent mieux, preuve que les entreprises cherchent à maintenir leurs compétences malgré un horizon brouillé.

Charlotte Martin Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.