Fin de l’envolée des prix du pétrole ?
Dans son rapport du 12 octobre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié un rapport indiquant que la forte hausse des cours du pétrole a entrainé une chute de la demande qui devrait se poursuivre en 2024.
Une « destruction de la demande »
Fin septembre, le baril du Brent tournait autour des 100 dollars (97 dollars, exactement). Deux semaines plus tard, il atteignait les 87 dollars. Une évolution paradoxale compte tenu du contexte ; entre la faible production et l’attaque du Hamas contre Israël, laissant craindre un embrasement du Proche-Orient. Pour l’AIE, la raison de la baisse des cours se trouve… dans leur hausse. Les prix ont grimpé à un tel niveau sur les derniers mois que la demande a chuté. « Des preuves de la destruction de la demande apparaissent avec les données préliminaires de septembre, qui montrent que la consommation d’essence aux Etats-Unis est tombée à son niveau le plus bas depuis deux décennies », illustre l’agence.
Pour rappel, les pays de l’OPEP, sous l’impulsion de l’Arabie saoudite, avaient engagé, en juin dernier, une stratégie de réduction de la production pour activer une hausse des cours. L’organisation avait opéré une baisse de production de 1,6 millions de baril/jour afin « d’équilibrer le marché » comme l’expliquait le ministre de l’Energie des Emirats Arabes Unis, Mohammed Al-Mazrouei. Plus tard, l’Arabie saoudite avait unilatéralement réduit ses extractions de brut d’un million de barils supplémentaires par jour, pour une production de 9 millions de barils/jour (la plus basse depuis 2021).
L’Arabie saoudite, qui avait promis aux pays occidentaux que « ça [allait] faire mal », par la voix de son ministre de l’Energie Abdulaziz Bin Salman, voit sa stratégie se retourner contre elle.
Possible pénurie de diesel en Europe
Cette dégradation de la demande s’observe davantage dans les pays à faibles revenus « comme le Nigéria, le Pakistan, l’Egypte », précise l’agence. Les effets de change et la suppression des subventions sur le carburant ont provoqué une hausse des prix rendant la ressource inaccessible pour une grande partie des populations de ces pays émergents.
L’AIE envisage une poursuite du ralentissement de la demande mondiale de pétrole pour l’année 2024. En cause, l’essoufflement du rebond économique post-covid et l’accélération de la transition vers les énergies décarbonées.
Les stratégies des banques centrales sont également un facteur majeur pouvant expliquer la continuation de la baisse de la demande. Face à l’inflation nettement supérieure à l’objectif des 2%, la Federal Reserve (la banque centrale étatsunienne) pourrait augmenter les taux directeurs dès novembre, ce qui entrainerait un ralentissement de la croissance économique et un affaissement de la demande de pétrole.
Enfin, l’AIE avertit d’une possible pénurie de diesel en Europe cet hiver, du fait de l’embargo de l’Union Européenne sur le pétrole russe.