Financement nucléaire européen: une route semée d’hésitations
Dans un contexte marqué par le besoin impérieux de solutions énergétiques durables, les banques européennes expriment leur réserve à s’engager dans le financement de nouvelles infrastructures nucléaires. Lors d’un symposium à Bruxelles, des voix autorisées du milieu bancaire ont mis en lumière les défis considérables que représentent les retards et les dépassements de coûts habituellement associés à ces gigantesques projets d’ingénierie.
Le financement nucléaire, entre prudence et appels à l’action
Ines Rocha, à la tête de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, souligne un enjeu de taille : le financement de nouveaux réacteurs nucléaires nécessite l’approbation des actionnaires, mettant en évidence la préoccupation centrale de la sûreté nucléaire. Du côté de la Banque européenne d’investissement, Thomas Ostros, vice-président, appelle les États à privilégier les énergies renouvelables, bien que la porte reste entrebâillée pour le nucléaire, à condition de respecter certaines normes de viabilité.
Macron et l’Europe: à la croisée des chemins énergétiques
Cet appel à la prudence bancaire fait écho aux déclarations d’Emmanuel Macron, qui a plaidé pour l’intégration du nucléaire dans les mécanismes financiers européens lors de la conférence de l’AIEA. Une inclusion qui se justifierait par la nécessité de contenir les coûts pour les pays membres de l’UE.
La France, qui envisage la construction de réacteurs EPR2 sur son sol d’ici 2050, se heurte déjà aux embûches financières et temporelles avec l’EPR de Flamanville, tandis que la Finlande vient seulement de lancer son EPR Olkiluoto 3, non sans surcoûts et retards considérables. Des difficultés qui, selon Ostros, exigent un soutien gouvernemental fort pour rendre ces projets réalisables sur le plan financier.
Face à l’insistance de l’alliance des pays pronucléaires de l’UE, il est question d’orienter des fonds européens vers le nucléaire via des instruments tels que la BEI. Cependant, l’implication des banques reste, jusqu’à ce jour, limitée aux enjeux de sûreté nucléaire et de gestion du combustible. Alors que la BEI surveille l’évolution des technologies telles que les petits réacteurs modulaires, le futur du financement du nucléaire en Europe reste incertain, oscillant entre prudence et anticipation.