
Avec la levée des freins réglementaires et un retour à une politique énergétique offensive, les États-Unis multiplient les projets de GNL. Les grands groupes, comme TotalEnergies, se positionnent sur un marché en pleine expansion.
Un projet aux 27 millions de tonnes de GNL par an
TotalEnergies a annoncé le 15 avril la signature d’un contrat d’achat de 1,5 million de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an sur vingt ans, en provenance du quatrième train de liquéfaction du projet Rio Grande LNG, opéré par l’américain NextDecade. Cette extension, encore soumise à décision d’investissement finale, s’inscrit dans un méga-projet texan qui vise à produire jusqu’à 27 millions de tonnes de GNL par an à pleine capacité — faisant de lui le plus gros investissement privé du Texas.
Déjà partenaire de la phase 1 avec 16,7 % de participation, TotalEnergies détient aussi 17,5 % du capital de NextDecade. Le contrat vient consolider une stratégie américaine offensive, dans un contexte de forte demande internationale en gaz. L’énergéticien prévoit de vendre plus de 40 millions de tonnes de GNL cette année, générant environ 6 milliards de dollars de flux de trésorerie.
Ces contrats de long terme sont particulièrement rentables, car ils sont indexés sur le prix américain Henry Hub, bien inférieur à celui du marché européen. L’acheteur peut ainsi revendre le gaz à un prix spot plus élevé, notamment sur le vieux continent, où les prix restent 2,5 fois supérieurs en moyenne, selon les projections de l’Agence américaine de l’énergie. Dans cette logique d’exportation, TotalEnergies a également conclu un contrat de livraison de GNL à la République dominicaine : dès mi-2027 et pour quinze ans, 400 000 tonnes par an seront livrées à Enadom, pour alimenter une centrale électrique en cours de construction.
Etats-Unis : devenir le leader incontesté du GNL mondial
Depuis l’arrivée de Donald Trump à la présidence, le secteur du GNL américain connaît un véritable regain d’activité. La levée du moratoire sur les projets d’exportation a débloqué de nombreux investissements, relançant la course aux capacités de liquéfaction.
En parallèle de Rio Grande LNG, plusieurs projets stratégiques progressent rapidement :
- Louisiana LNG, opéré par l’australien Woodside, a obtenu un investissement de 5,8 milliards de dollars de la part d’un fonds américain, correspondant à 40 % du projet.
- Lake Charles LNG, également situé en Louisiane, a sécurisé la vente de 16 millions de tonnes de GNL, assurant presque entièrement le volume prévu.
- Commonwealth LNG, avec une capacité annuelle estimée à 9,5 millions de tonnes, devrait finaliser ses accords dès l’automne prochain.
L’objectif est clair : doubler les capacités d’exportation américaines d’ici cinq ans, faisant des États-Unis le leader incontesté du GNL mondial. Une dynamique qui pourrait aussi contribuer à stabiliser les prix du gaz à l’international, une fois tous ces projets mis en service d’ici la fin de la décennie.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.