Gaz : GRTgaz se dit vigilant mais pas inquiet
A l’occasion de la présentation de son bilan 2021, GRTgaz, le gestionnaire du réseau gazier national, se veut rassurant, alors que le conflit russo-ukrainien fait peser nombre d’incertitudes sur l’approvisionnement en gaz de l’Europe.
« L’approvisionnement en gaz de la France ne suscite pour l’instant pas d’inquiétude particulière en dépit des faibles livraisons russes vers l’Europe » affirme GRTgaz, qui se dit simplement « vigilant ».
« On observe depuis plusieurs semaines une baisse des flux de gaz venant de Russie » et le « contexte de tension sur les approvisionnements » est indéniable. Malgré tout, Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, l’affirme « on est raisonnablement confiant sur les chances que les choses se passent bien jusqu’à la fin de l’hiver ».
« GRTgaz, qui gère l’essentiel du réseau national à l’exception d’une portion dans le sud-ouest du pays, ne formule pas d’alerte à date. » commente encore l’AFP.
La consommation de gaz en hausse en 2021
2020, « année la plus chaude jamais enregistrée en France », avait vu la consommation régresser de -7 %.
2021 enregistre une progression de + 6 % avec une consommation de gaz de 474 TWh. L’impact du facteur météorologique explique une bonne partie de cette hausse, 2021 présentant en effet une température moyenne annuelle inférieure de 1,4°C à celle de 2020.
Globalement, la demande en gaz du secteur industriel est restée stable : « le recul observé dans le secteur du raffinage et de la pétrochimie a effacé la hausse dans la plupart des autres secteurs du fait de la reprise économique. » observe le gestionnaire de réseaux.
Les centrales de production d’électricité à partir de gaz ont vu leur consommation diminuer de 10 % en 2021, et ce « malgré une contribution en hausse durant les périodes hivernales pour soutenir le système électrique ».
Les prix du gaz ont atteint des sommets
« La reprise économique soutenue au niveau mondial, notamment en Chine, a conduit à une forte demande en gaz. Celle-ci, combinée à de moindres volumes livrés depuis la Russie, a entrainé une forte hausse des prix sur les marchés de gros : en moyenne, le prix du gaz en France est passé de 9 €/MWh en 2020 à 46 €/MWh en 2021. » résume GRTgaz.
Cependant, la France semble être l’un des pays les moins mal lotis de l’Union européenne, avec un prix moyen inférieur de 1,1 % en 2021 (-0,45 €/MWh) à celui du marché de référence en Europe (TTF).
Le système gazier français tient la route
En 2021, « le système gazier a bien fonctionné avec notamment un bon remplissage des stockages français pendant la saison estivale » se félicite le gestionnaire.
Les stockages français étaient ainsi bien remplis au début de l’hiver (95%). Depuis, ils ont été confrontés à des soutirages soutenus. À fin janvier, les stockages étaient remplis à 33%, soit légèrement moins que ces dernières années.
Une intensification des échanges bi-directionnels aux interconnexions
L’an passé, des records ont été enregistrés sur les flux commerciaux dans les sens inverses des flux habituels. Une bidirectionnalité des flux qui témoigne illustre du « niveau de maturité » auquel sont parvenus les réseaux gaziers français et européen, « capables de s’adapter à des configurations de marché très variés. »
Les gaz renouvelables en plein essor
La production de gaz renouvelables compte 6,4 TWh/an de capacités installées fin 2021pour une production envisageable sur le territoire national de 320 TWh (hors hydrogène) en 2050.
« Ce chiffre démontre la capacité de la France à substituer à cette échéance la consommation de gaz naturel par celle de gaz renouvelables et bas-carbone produits sur le territoire national. » se réjouit GRTgaz.
La méthanisation fait clairement la course en tête : 365 sites injectent ainsi dans les réseaux gaziers français à fin 2021, soit +151 sites par rapport à fin 2020. Les injections de biométhane ont représenté 4,3 TWh en 2021, soit + 2,1 TWh par rapport à 2020.
« Avec 19 TWh supplémentaires de projets en développement, la méthanisation présente une dynamique supérieure à la trajectoire envisagée dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie 2019-2023 qui fixait un objectif de 6 TWh en 2023. » souligne GRTgaz.
Au-delà de la méthanisation (130 TWh en 2050), la production de gaz renouvelables et bas-carbone issue de déchets solides par pyrogazéification confirme son potentiel (90 TWh et plus d’une quinzaine de projets publics recensés en 2021), tout comme celle issue de déchets organiques humides par gazéification hydrothermale (50 TWh).
En ce qui concerne l’hydrogène, les travaux menés par GRTgaz et Teréga seront dévoilés en mars prochain : ils viendront compléter le nouveau paquet gaz européen publié en décembre 2021.