Alors que l’AIE mettait jusqu’ici en avant un pic imminent de la demande, elle recentre désormais son discours sur l’offre, avertissant que le déclin naturel des gisements impose d’investir massivement dans de nouvelles exploitations.
Un risque de tensions sur l’offre énergétique mondiale
Dans un rapport publié le 16 septembre, l’AIE met en garde contre l’épuisement accéléré des champs pétroliers et gaziers. « Les déclins de production des sites existants se sont accélérés, avec des implications pour les marchés et la sécurité énergétique », explique Fatih Birol, directeur général de l’agence.
Près de 90 % des investissements actuels ne servent qu’à compenser les pertes liées à ce déclin naturel. Or, si la consommation de pétrole et de gaz se maintient, de nouveaux gisements conventionnels devront être mis en exploitation. L’AIE estime qu’il faudrait découvrir chaque année 10 milliards de barils de pétrole et 1000 milliards de m³ de gaz naturel pour maintenir la production en 2050, des volumes supérieurs aux découvertes récentes.
Bloomberg rapporte par ailleurs que le prochain rapport annuel de l’agence inclura un scénario dit de « politique actuelle », qui anticipe une hausse continue de la consommation d’énergies fossiles jusqu’en 2050, rompant avec ses précédentes projections plus sobres.
Les pressions politiques de l’administration Trump
L’évolution du discours de l’AIE intervient dans un contexte tendu. Depuis plusieurs mois, l’agence fait l’objet de critiques répétées de la part de Washington, où la politique énergétique de Donald Trump privilégie le pétrole et le gaz au détriment des renouvelables.
« Nous ferons l’une des deux choses suivantes : nous réformerons le fonctionnement de l’AIE ou nous nous retirerons », a menacé en juillet Chris Wright, secrétaire à l’Énergie, exprimant sa « préférence » pour une réforme.
Dans son rapport, l’AIE évalue que les investissements pétrogaziers pourraient atteindre 570 milliards de dollars dès 2025, permettant seulement une légère augmentation de la production. Cette dynamique traduit les arbitrages politiques actuels et souligne l’incertitude entourant l’avenir énergétique mondial.
Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.