GNL : la demande va-t-elle vraiment s’envoler ?
Les prévisions de Shell sur l’augmentation de la demande mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL) de plus de 50% d’ici 2040 suscitent des débats, notamment si l’on tient compte de la dynamique asiatique.
Un essor marqué du marché du GNL
Shell a récemment publié ses perspectives sur le marché du GNL, projetant une demande atteignant entre 625 et 685 millions de tonnes métriques par an d’ici 2040.
Les données compilées par les analystes de matières premières Kpler montrent que les importations mondiales de GNL ont atteint 404 millions de tonnes en 2023, un record par rapport aux 395 millions de tonnes de l’année précédente. Un augmentation qui vient soutenir les prévisions de Shell.
Néanmoins, les experts sont plus réservés.
La Chine pourrait continuer à privilégier le charbon au GNL
Shell mise largement sur une forte croissance de la demande en Asie, notamment en Chine, désormais premier acheteur mondial de GNL depuis 2023, surpassant le Japon. Steve Hill, vice-président exécutif de Shell Energy, a souligné l’optimisme de la société concernant le marché chinois, citant la construction d’importantes infrastructures gazières dans le pays.
Pourtant, les chiffres du Global Energy Monitor révèlent que la Chine continue de privilégier le charbon dans sa production d’électricité, avec une capacité nettement supérieure à celle du gaz. Cette dépendance au charbon, favorisée par son faible coût, remet en question la capacité du GNL à rivaliser sur le marché asiatique, malgré ses avantages en termes de réduction des émissions de carbone.
Un prix dissuasif
Le prix du GNL reste un obstacle majeur. Même avec une baisse significative par rapport aux sommets de 2022, le GNL reste plus cher que le charbon, ce qui limite son attractivité pour les pays asiatiques dotés de vastes réserves de charbon.
Bien que le GNL présente des avantages environnementaux et une flexibilité dans divers secteurs industriels, sa compétitivité face au charbon dépendra largement de sa capacité à réduire ses coûts. Si le GNL souhaite concrétiser les ambitieuses projections de Shell en Asie, une réduction significative de son prix sera nécessaire pour rivaliser avec le charbon dans les décennies à venir.
(Source © Reuters – 2024)
