GNL Europe : recul des importations… à l’exception des russes
Selon une étude, les importations de GNL en Europe sont à leur plus bas depuis 2021. Pourtant, la baisse des importations de GNL russe a pris fin en 2024 et de nouveaux terminaux ont été construits.
Baisse de 19% des importations de GNL en Europe
Dans un rapport publié le 18 février, l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA) nous informe que les importations de GNL ont baissé de 19% en 2024 en Europe ; soit le plus faible niveau d’importation depuis 2021. Le Royaume-Uni est le meilleur élève de la région avec un recul de 47% de ses importations, la Belgique se classe à la deuxième place (-29%) et l’Espagne à la troisième (-28%). Cette situation de baisse historique de la consommation de gaz est essentiellement due aux efforts réalisés pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Dans le même temps, la région a investi dans le déploiements d’énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien.
Pourtant, cette baisse des importations s’effectue alors même que se développent des infrastructures pour accueillir davantage de GNL. L’Allemagne, la France et la Pologne ont investi dans de nouveaux terminaux de regazéification. L’IEEFA prévoit une hausse de 60% des capacités d’importation de GNL d’ici 2030, alors même qu’en 2024, la moitié des terminaux existants affichait un taux d’utilisation inférieur à 40%. « Miser sur la construction de nouveaux terminaux de GNL sans tenir compte des tendances de la demande augmente le risque de surinvestissement et d’infrastructures sous-utilisées à mesure que la transition énergétique s’accélère », prévient Ana Maria Jaller-Makarewicz, analyste principale pour l’Europe à l’IEEFA.
France : 1er importateur de GNL russe en Europe en 2024
Si les importations de GNL ont globalement baissé en Europe, celle de GNL russe font le chemin inverse. En 2024, on enregistre une hausse de 18% des importations de GNL russe sur le continent. L’Espagne, la Belgique et la France représentent 85% de ces achats soit 6,3 milliards d’euros entre janvier et novembre de l’année passée. L’Europe favorise l’import de gaz par navires car, depuis le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il y eu une fermeture de gazoducs. La dépendance européenne au GNL russe vient entraver l’objectif de la Commission de sortir totalement du gaz russe d’ici 2027.
Lorsqu’on se focalise sur la France, l’évolution est plus parlante encore. L’Hexagone a augmenté de 81% ses importations de GNL russe entre 2023 et 2024 et versé près de 2,68 milliards d’euros à la Russie, selon l’IEEFA. Le terminal de Dunkerque, à lui seul, réceptionne 27% des importations européennes de GNL russe, en 2024. Aujourd’hui, l’approvisionnement français en GNL est composé à un tiers de gaz russe, un tiers d’américain et 17% d’algérien. De plus, une réduction de la demande de gaz avait lieu depuis le début de la crise de l’énergie (-20%) mais depuis 2024, la demande ne baisse plus. « Certaines mesures d’efficacité énergétique ont été relâchées », explique Ana Maria Jaller-Makarewicz, qui fournit l’exemple de l’isolation des bâtiments pour limiter la consommation de gaz durant cet hiver.
Malgré cette baisse historique, la demande de GNL pourrait connaître un rebond en 2025. En cause : la fin du transit de gaz russe via l’Ukraine, qui représentait encore 15 milliards de mètres cubes en 2024. Ce volume devra être compensé par d’autres sources, dont une partie passera par les terminaux existants. Toutefois, cette hausse attendue devrait rester en deçà des niveaux records de 2022 et 2023.