GNL : un marché équilibré mais pas serein
Le marché mondial du GNL, en plein essor, reste tendu face aux contraintes d’approvisionnement, selon le rapport mondial 2024 de l’IGU (Union internationale du gaz) sur le GNL.
Un marché de nouveau équilibré
Publié le 26 juin, le 15e rapport mondial annuel sur le GNL de l’IGU révèle que le commerce mondial du GNL a augmenté de 2,1 % en 2023, dépassant 401 millions de tonnes (MT). Ce marché mondial relie désormais 20 marchés exportateurs à 51 marchés importateurs. L’ offre est actuellement le principal facteur limitant la croissance. Après deux années de fortes turbulences, le marché du GNL connaît un nouvel équilibre, mais fragile, compte tenu du manque d’approvisionnement disponible à court terme.
Les pays, de plus en plus demandeurs, s’organisent
La croissance de la capacité de réception de GNL a façonné le développement du marché au cours des 24 derniers mois, puisqu’elle a atteint le chiffre impressionnant de 1 029,9 MTPA (million de tonnes par an) sur 47 marchés à la fin du mois de février 2024, ajoutant près de 70 MTPA en 2023 et en faisant l’année la plus élevée de nouveaux ajouts depuis 2010.
L’Europe a connu la plus grande augmentation, avec 30 MTPA, suivie par l’Asie avec 26,9 MTPA et par l’Asie-Pacifique avec 13 MTPA. Les Philippines et le Vietnam ont rejoint pour la première fois le club des importateurs de GNL en 2023.
L’offre est cependant restée limitée, avec une croissance de seulement 0,8 % en glissement annuel grâce à l’ajout de 3,8 MTPA en Indonésie à Tangguh LNG. Cependant, la capacité mondiale de liquéfaction devrait atteindre plus de 700 MTPA d’ici 2030, sous l’impulsion de nouveaux investissements et du démarrage de projets actuellement en construction pour répondre à la demande croissante, en particulier sur les marchés asiatiques en croissance.
Les exportations de GNL ont été dominées par les États-Unis, qui sont devenus le plus grand producteur et exportateur (84,53 MT en 2023 contre 75,63 MT en 2022), suivis de l’Australie (79,56 MT), du Qatar (78,22 MT) et de la Russie (31,36).
Baisse des prix du GNL… jusqu’à quand ?
En 2023, les prix au comptant du GNL ont chuté à des niveaux acceptables tandis que la volatilité annuelle moyenne des prix a considérablement diminué par rapport aux niveaux de 2022. Elle reste néanmoins supérieure à celle d’avant la crise.
La Chine est redevenue le plus grand importateur de GNL avec 71,19 MT, suivie par le Japon et la Corée, tandis que l’Inde est revenue à la quatrième position, la demande ayant augmenté en raison de la baisse du prix au comptant.
L’Europe a également consolidé son rôle de poids lourd importateur de GNL, conservant la place de deuxième plus grande région importatrice avec 121,29 MT en 2023. Le GNL fournissant près de la moitié du gaz européen, la concurrence entre les marchés asiatiques et européens reste une dynamique de marché clé.
L’équilibre reste fragile
Cependant, plusieurs incertitudes majeures demeurent contribuant ainsi à la fragilité de l’équilibre actuel du marché:
- la pause dans les approbations des projets de GNL non-ALE de l’administration Biden, qui pourrait retarder plus de 70 MTPA de nouvelle capacité ;
- les sanctions sur le GNL russe, qui impactent près de 20 MTPA de capacité attendue ;
- la possibilité que l’Ukraine ne prolonge pas l’accord de transit du gaz russe fin 2024 ;
- les goulots d’étranglement des chantiers navals ;
- le risque sécuritaire persistant au Moyen-Orient ;
- ainsi qu’une baisse de l’offre de gisements de gaz.
Plus de 120 MTPA de capacité de liquéfaction actuellement opérationnelle ont plus de 20 ans, et certaines de ces installations sont mises en veille en raison d’une production de gaz insuffisante en amont, ce qui appelle l’attention sur le risque du côté de l’offre.