Les banques françaises affichent une progression de leurs financements verts. Certaines voix alertent sur les limites de ces chiffres jugés optimistes.
Nicolas Namias, Président de la Fédération bancaire française (FBF), estime que « les banques françaises sont parmi les plus mobilisées dans les efforts en faveur de la transition environnementale ».

Alors que les banques françaises affichent une progression notable de leurs financements verts, certaines voix alertent sur les limites de ces chiffres jugés optimistes. Derrière l’élan apparent, la réalité des engagements bancaires interroge.

471 milliards d’euros de crédits verts

D’après les données publiées par cette organisation représentant les établissements bancaires de l’Hexagone, les crédits verts et durables inscrits au bilan des grandes banques sont passés de 372 milliards d’euros en 2023 à 471 milliards en 2024. Une progression particulièrement marquée dans le domaine des énergies renouvelables, dont le financement a crû de 28 % pour s’élever à 96 milliards d’euros. À l’inverse, l’exposition au secteur des hydrocarbures a diminué de 15 %, à 37 milliards d’euros.

Par ailleurs, quatre grands établissements français — Natixis, Crédit Agricole, Société Générale et BNP Paribas — se placent désormais parmi les dix premiers financeurs mondiaux des projets d’énergies renouvelables. Une performance que défend Nicolas Namias, président du directoire de BPCE et président de la commission climat de la FBF : « À l’échelle mondiale, les banques françaises sont parmi les plus mobilisées dans les efforts en faveur de la transition environnementale », affirme-t-il dans le communiqué.

+28% Soit la hausse des financements liés aux énergies renouvelables, entre 2023 et 2024.

Des chiffres contestés et une méthodologie critiquée

Malgré cette dynamique affichée, plusieurs critiques émergent quant à la transparence et à l’exhaustivité des chiffres avancés. L’ONG Reclaim Finance remet notamment en question la méthodologie utilisée par la FBF, qu’elle juge lacunaire. Selon l’organisation, le calcul ne prend pas en compte certaines formes de financement des énergies fossiles, comme les émissions d’actions ou d’obligations. De plus, les données publiées excluent plusieurs segments du secteur fossile, tels que le gaz naturel liquéfié (GNL) ou encore les centrales à gaz, ce qui limite leur portée réelle dans l’évaluation de l’exposition bancaire.

« L’accélération des soutiens des banques françaises à la transition est loin d’être aussi évidente que ce qu’affirme la FBF, dont l’observation se fait à travers des lunettes déformantes », analyse Rémi Hermant, analyste des politiques de transition énergétique chez Reclaim Finance.

Enfin, les montants affichés demeurent marginaux comparés à l’ensemble des actifs du secteur bancaire français, qui représentait 9 289 milliards d’euros fin 2023, d’après l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.