L’année 2023 a été marquée par une hausse des émissions de méthane selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), alors même que les technologies actuelles permettraient de les éviter. Une situation qui pose problème puisque ce gaz à effet de serre présente un pouvoir réchauffant plus important que le CO2. Que retenir de l’analyse de l’AIE ? Quelles perspectives pour les années à venir ?

Une augmentation des émissions de méthane liées aux énergies fossiles en 2023

En 2023, les émissions mondiales de méthane attribuées au secteur des combustibles fossiles, principalement en raison de fuites de ce gaz à effet de serre hautement nocif, ont persisté à des niveaux historiquement élevés. Cela survient malgré l’existence de solutions rentables pour les réduire, souligne un rapport de l’AIE publié mercredi 12 mars 2024, qui juge ce phénomène « sans raison »

Selon le rapport « Global Methane Tracker 2024 » de l’AIE, les activités de production d’énergie utilisant le pétrole, le gaz et le charbon ont été responsables d’environ 120 millions de tonnes d’émissions de méthane en 2023, marquant une légère hausse par rapport à l’année précédente. Toutefois, ces émissions devraient commencer à décliner prochainement.

Un gaz à effet de serre plus polluant que le CO2

L’impact du méthane sur l’environnement a des conséquences désastreuses. Comme le souligne le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) « Molécule par molécule, le méthane a un pouvoir de réchauffement plus de 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone ».

Aujourd’hui, les rejets de méthane dans l’atmosphère restent trop élevés pour atteindre les objectifs climatiques internationaux. Afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, comme le veut l’Accord de Paris, les émissions de méthane provenant des combustibles fossiles doivent diminuer de 75 % au cours de cette décennie, selon l’AIE.

« Il est impératif de réduire de 75 % les émissions de méthane provenant des combustibles fossiles d’ici à 2030 pour empêcher la planète de se réchauffer à un niveau dangereux », a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE.

Vers une baisse des émissions de méthane dans les années à venir ?

La situation n’est pas figée. À partir de 2024, l’AIE prévoit une accélération dans les efforts pour réduire les émissions de méthane. Lors de la COP28, un accord a été trouvé visant à diminuer de manière conséquente les émissions de méthane d’ici 2030. Dans le cadre du sommet, des mesures réglementaires majeures ont été annoncées par des acteurs clés tels que le Canada, l’Union européenne, et les États-Unis. Certaines entreprises ont également décidé d’agir en signant une charte de décarbonisation du pétrole et du gaz.

D’après une analyse récente de l’Agence internationale de l’énergie, si les actions prévues sont menées, cela pourrait induire une réduction de 50 % des émissions de méthane issues des combustibles fossiles d’ici à 2030. Reste à savoir si les organisations et les Etats agiront réellement. « La majorité de ces engagements manque encore de plans d’action concrets pour leur réalisation » déplore pour le moment l’AIE.

Caroline Dusanter
Caroline Dusanter

Diplômée d’un Master 2 du CELSA-Paris Sorbonne, Caroline s’est lancée comme rédactrice et chargée de communication éditoriale indépendante en 2017. Intéressée par les problématiques liées à la transition énergétique et à la mobilité, elle travaille avec Opéra Énergie depuis 2019.

Experte sur les problématiques liées à l'énergie et la rénovation énergétique, elle ambitionne à travers ses articles de faire de la pédagogie sur le marché du gaz et de l’électricité, en constante évolution.