Hausse des importations de gaz russe par l’UE au printemps 2024
Entre avril et juin 2024, l’Union européenne (UE) a importé plus de gaz en provenance de Russie que des États-Unis, bien que la Norvège reste le principal fournisseur de l’UE.
Les importations de gaz russe supplantent les importations américaines
Avant la guerre en Ukraine, débutée en février 2022, la Russie dominait le marché du gaz en Europe. Depuis, elle a été supplantée par la Norvège, suivie des États-Unis, qui ont augmenté leurs exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) pour répondre aux besoins de stockage des pays de l’Union.
Cependant, au deuxième trimestre 2024, l’UE a importé 12,8 milliards de mètres cubes de gaz russe, contre 12,2 milliards en provenance des États-Unis, selon Ben McWilliams, chercheur au think tank Bruegel. Cette augmentation des importations russes par rapport aux américaines est une première depuis presque deux ans.
Des infrastructures de stockage saturées
D’après l’expert, « ce changement s’explique principalement par la réduction récente des importations de GNL en provenance des États-Unis ». En effet, les capacités de stockage de l’UE sont quasiment saturées (remplies à 92,4 % en moyenne) et, avec une demande estivale relativement faible, « une diminution des achats de gaz américain sur le marché spot » a été constatée.
Pourquoi les importations de gaz russe n’ont-elles pas, elles aussi, diminué ?
Des pays comme l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie sont liés à la Russie par des contrats à long terme. Cela les obligent à continuer à acheter du gaz russe, contrairement au GNL américain qui dépend de la demande du marché.
Les deux tiers du gaz russe transitent par des pipelines, notamment via l’Ukraine et le Turkstream, tandis que le dernier tiers est livré sous forme de GNL, principalement aux ports de Belgique, d’Espagne et de France.
Le député européen Ville Niinistö (Verts/ALE) a réaffirmé que continuer à importer du gaz russe revient à soutenir l’économie de la Russie et la guerre en Ukraine. Il a appelé à renforcer la pression pour interdire complètement ces importations au sein de l’UE.
Des choix nationaux
Mais une interdiction totale à l’échelle européenne reste impossible en raison de l’opposition de certains États membres. Toutefois, les pays de l’UE peuvent, individuellement, choisir de restreindre ou d’interdire les importations de gaz russe, à la suite d’une révision des règles du marché en 2023. Par exemple, l’Autriche a déclaré vouloir réduire progressivement ses importations de gaz russe d’ici 2027, bien que cela ne soit pas contraignant pour le moment.
Malgré tout, la Norvège reste bien le plus grand fournisseur de gaz de l’UE, avec 23,9 milliards de mètres cubes livrés entre avril et juin 2024.
(Source : www.bruegel.org)