Le Haut Conseil pour le Climat demande davantage d’efforts
C’est mieux mais loin d’être suffisant : telle est la conclusion du rapport annuel du Haut Conseil pour le climat (HCC).
Le HCC a rendu public son dernier rapport mercredi 29 juin, intitulé « Dépasser les constats – mettre en œuvre les solutions ». Mis en place en 2018 par Emmanuel Macron, cet organisme indépendant a la charge d’analyser et d’émettre des recommandations sur la politique bas carbone de la France. Chaque année, il délivre ainsi un rapport sur la mise en œuvre des mesures gouvernementales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Un « sursaut de l’action climatique » en France est nécessaire
La réponse de la France au réchauffement climatique progresse mais reste insuffisante. En 2021, la gouvernance de la transition climatique a été renforcée et de nouvelles mesures ont été prises pour la plupart des orientations sectorielles de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Néanmoins, des risques majeurs de ne pas atteindre les objectifs fixés par la France pour la réduction des gaz à effet de serre persistent. Seules 6 des 25 orientations de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) bénéficient ainsi de mesures au niveau requis pour l’atteinte des budgets carbone. « Les politiques d’adaptation quant à elles, souffrent d’un manque d’objectifs stratégiques, de moyens et de suivi. » souligne le rapport.
Il n’est plus temps d’attendre
Les impacts du changement climatique s’aggravent, avec des effets chroniques et aigus, notamment du fait de l’intensification phénomène d’îlot de chaleur urbain, des sécheresses à répétition et des pluies extrêmes. Les conséquences matérielles et financières sont déjà importantes, en particulier sur les infrastructures, la production agricole, les écosystèmes (comme le dépérissement des forêts). Les impacts sur la santé humaine sont tout aussi préoccupants. L’exposition à l’intensification des aléas côtiers dus à la montée du niveau de la mer (inondation chronique à marée haute, submersions rapides, érosion littorale) et au recul du trait de côte croît aussi considérablement. « En France, l’année 2021 a été marquée par plusieurs événements météorologiques remarquables, dont la probabilité d’occurrence ou l’intensité ont été accentuées par le changement climatique dû à l’influence humaine. »
La France et l’Europe doivent agir vite et de concert
« L’évolution rapide des risques climatiques et le renforcement des objectifs européens dans le cadre de la loi européenne sur le climat et du paquet « Ajustement à l’objectif 55 » imposent une accélération sans précédent de la baisse des émissions dans tous les secteurs » alerte le Haut Conseil pour le climat.
Cette prise de conscience climatique résonne d’autant plus fortement dans le contexte géopolitique actuel. Le Haut Conseil pour le climat appelle les acteurs publics et privés à se concerter et à adopter une « vision de la transition écologique juste ». Cette vision devra être déclinée « de manière opérationnelle » dans tous les secteurs et dans tous les territoires.
S’orienter vers davantage de co-construction
Le Haut conseil recommande de « décliner de manière opérationnelle la planification écologique au niveau du Premier ministre, pour chaque ministère et à l’échelle des territoires ». Il alerte également sur le manque de moyens humains et de pouvoirs d’injonction des instances concernées. Entre autres recommandations, il invite à faire évoluer le PNACC (Plan national d’adaptation au changement climatique ) vers un outil de pilotage stratégique et opérationnel.
Accélérer sans délai la réduction GES
Il s’agit de renforcer les objectifs français pour les faire coïncider avec le niveau d’ambition des objectifs européens pour 2030. Plusieurs mesures sont à prioriser selon le HCC : la sobriété des infrastructures et des usages ; le déploiement des énergies renouvelables ; le renforcement des dispositifs de contrôle et de sanction en cas de pratiques préjudiciables à l’environnement et au consommateur…
Soutenir une transition « juste »
Le rapport préconise de mettre en place des dispositifs d’accompagnement et de réduction des inégalités, « afin de réduire la vulnérabilité des ménages les plus modestes aux coûts de transition », mais aussi de soutenir le redéploiement des métiers et des compétences afin de maximiser les bénéfices pour l’emploi.
« L’équité dans la répartition des efforts et des aides accroit le sentiment de justice et permet l’appropriation des politiques climatiques par l’ensemble des acteurs, et donc le succès de leur déploiement et leur mise en œuvre. » soulignent les auteurs.
Une diplomatie climatique française à remobiliser
Le nouveau contexte géopolitique bouleverse la construction collective de l’action internationale menée depuis 2015. « Il faut donc réexaminer les différentes modalités d’action internationales et les mettre en cohérence avec les engagements français et européens »
Le rôle de la France est majeur et elle doit s’attacher à « remobiliser son réseau diplomatique » autour de l’action climatique, en mettant au cœur des discussions, notamment, les travaux du GIEC.