Avec le projet HySynergy, le Danemark s’impose comme un pionnier dans la production d’hydrogène bas-carbone en Europe.
Les rouages de l'usine HySynergy, à Fredericia au Danemark, le 3 novembre 2025.

Avec l’inauguration du projet HySynergy à Fredericia, le Danemark s’impose comme un pionnier dans la production d’hydrogène bas-carbone en Europe. Mais derrière cette réussite symbolique, le secteur peine encore à atteindre la maturité industrielle promise, freinée par les coûts et les lenteurs réglementaires.

HySynergy : 8 tonnes d’hydrogène vert par jour pour un secteur en quête de décollage

Le Danemark a inauguré lundi l’une des rares usines d’hydrogène bas-carbone d’Europe, le projet HySynergy, situé à Fredericia, dans l’ouest du pays. Alimentée par huit électrolyseurs utilisant des énergies renouvelables (solaire et éolienne), l’installation produit huit tonnes d’hydrogène par jour, acheminées vers une raffinerie voisine et l’Allemagne.

Prévue initialement pour 2023, l’usine a accusé deux ans de retard. Elle marque toutefois un jalon important pour le continent, où seules quatre usines d’hydrogène bas-carbone sont actuellement en activité, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Le directeur général d’Everfuel, Jakob Korsgaard, dont l’entreprise détient 51 % du projet, a confié à l’AFP : « Nos ambitions vont bien au-delà des électrolyseurs de 20 mégawatts ici. Nous avons une connexion électrique, des terrains et des infrastructures déjà prêtes pour des expansions jusqu’à 350 MW ».

Un secteur européen freiné par les coûts et la lenteur du déploiement

Malgré son potentiel pour décarboner l’industrie et les transports lourds, l’hydrogène bas-carbone reste en difficulté. La technologie n’est pas encore suffisamment mature et le prix élevé de l’électricité rend sa production non compétitive face aux énergies fossiles.

L’AIE constate dans un récent rapport que, hors Chine – qui mène la course mondiale), « le déploiement plus lent que prévu des électrolyseurs limite le potentiel de réduction des coûts des équipements à l’horizon 2030 ».

Pour Jakob Korsgaard, la clé du succès repose sur un soutien politique fort : « La croissance de l’hydrogène vert dépend de l’élan politique. Nous sommes en concurrence avec des sources fossiles d’énergie matures depuis plus de cent ans ». Il appelle à une mise en œuvre ambitieuse de la Directive européenne sur les énergies renouvelables III (Red III), adoptée en 2023, qui fixe un objectif de 42,5 % à 45 % d’énergie renouvelable dans la consommation de l’UE d’ici 2030.

« Cette directive incite nos clients, les raffineries et l’industrie, à utiliser l’hydrogène vert », insiste-t-il. Une incitation dont dépend peut-être l’avenir du secteur sur un continent encore en quête de vitesse de croisière.

Source : AFP

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.