Climat : il faut investir massivement dans la transition des pays en développement selon l’AIE
Dans un rapport publié ce mercredi 9 juin et réalisé en collaboration avec la Banque mondiale et le Forum économique mondial, l’AIE (l’Agence internationale de l’énergie) estime que des efforts internationaux concertés sont nécessaires pour un avenir économique durable et résilient.
Plus spécifiquement, il est indispensable de soutenir, et ce massivement, le déploiement d’énergies propres dans les pays en développement : « L’avenir énergétique et climatique mondial dépend de plus en plus de la capacité des économies émergentes et en développement à réussir la transition vers des systèmes énergétiques plus propres » met en lumière le rapport.
Accroitre les investissements pour atteindre 1000 mds de dollars en 2030
L’AIE recommande ainsi que les investissements annuels dans les énergies propres des économies émergentes et en développement soient multipliés par plus de sept, pour passer de moins de 150 milliards de dollars en 2020 à plus de 1 000 milliards de dollars d’ici 2030.
Sans cette mobilisation financière internationale, les émissions de dioxyde de carbone liées à l’énergie de ces économies (qui se trouvent principalement en Asie, en Afrique et en Amérique latine ) devraient augmenter de 5 milliards de tonnes au cours des deux prochaines décennies.
« Dans de nombreuses économies émergentes et en développement, les émissions augmentent tandis que les investissements dans les énergies propres vacillent, créant une ligne de faille dangereuse dans les efforts mondiaux pour atteindre les objectifs climatiques et énergétiques durables » a ainsi déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE.
« Les pays ne commencent pas le voyage du même endroit, beaucoup n’ont pas accès aux fonds dont ils ont besoin pour passer rapidement à un avenir énergétique plus sain et plus prospère. » ajoute-t-il.
Des efforts internationaux concertés, ambitieux et cadrés sont nécessaires
L’AIE demande aux gouvernements de doter les institutions financières publiques internationales d’un mandat stratégique « solide » pour financer ces transitions énergétiques. En creux, il est aussi suggéré d’adopter une ligne claire et unifiée sur le sujet.
Les économies émergentes et en développement représentent actuellement les 2/3 de la population mondiale, mais seulement 1/5ème des investissements mondiaux dans les énergies propres et 1/10ème de la richesse financière mondiale.
Les investissements annuels dans toutes les parties du secteur de l’énergie dans les marchés émergents et en développement ont chuté d’environ 20 % depuis 2016. En outre, ils sont confrontés à des coûts d’endettement et de fonds propres jusqu’à sept fois plus élevés qu’aux États-Unis ou en Europe.
Pourtant, éviter une tonne d’émissions de CO2 dans ces économies coûte en moyenne deux fois moins cher que dans les économies avancées, selon le rapport. Cela s’explique en partie par le fait que les pays concernés peuvent souvent passer directement à des technologies plus propres et plus efficaces sans avoir à éliminer ou à rénover des projets énergétiques polluants déjà en cours.
Mais il s’agit au préalable de trouver des solutions à plusieurs difficultés, récurrentes et communes : peu ou pas d’accords commerciaux ni d’infrastructures adaptées, des problèmes de solvabilité, d’instabilité monétaire, des marchés bancaires et des capitaux locaux fragiles…
Un appel mondial à l’action
Pour Demetrios Papathanasiou, Directeur mondial de la Banque mondiale pour l’énergie et les industries extractives, « Le secteur financier au sens large peut et doit jouer un rôle clé dans la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris en mobilisant des capitaux pour des investissements verts et sobres en carbone, tout en gérant les risques climatiques. »
Partie prenante du rapport, le Président du Forum économique mondial, abonde dans ce sens « Ce rapport montre que les défis actuels pour amener ce capital aux bons endroits peuvent être surmontés grâce à une combinaison de politiques intelligentes, d’innovation financière et d’une action collective audacieuse.»
Le rapport appelle ainsi à concentrer et à faciliter les investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, mais aussi soutenir les actions de décarbonation. Il appelle également au renforcement des cadres de financement durable, à la suppression des obstacles à l’investissement étranger, à l’assouplissement des procédures d’octroi de licences et d’acquisition de terres et à l’annulation des politiques qui faussent les marchés énergétiques locaux. Et il souligne que ces nombreux investissements sont autant d’opportunités économiques et de possibilité de création d’emplois.