Méga introduction boursière du géant pétrolier saoudien Saudi Aramco
La plus grosse compagnie pétrolière au monde Saudi Aramco, va être cotée en Bourse au second semestre 2018. Riyad devrait mettre sur le marché 5% de son géant de l’énergie valorisé à 2 000 milliards de dollars d’après le consensus des analystes…
Une compagnie qui gère la quasi-totalité des ressources en hydrocarbures d’Arabie Saoudite
Avec des réserves d’environ 265 milliards de barils et 10 millions de barils extraits chaque jour – soit plus que toute la production américaine et 10 fois plus que celle d’Exxon Mobil – Aramco contrôle plus de 15 % des réserves mondiales connues de pétrole. Elle est née dans les années 1930 en tant que concession de l’actuelle Chevron, avant de devenir la Saudi Arabian Oil Co, entreprise pleinement nationalisée un demi-siècle plus tard.
Une introduction record
Sa valeur réelle est estimée entre 1 000 et 10 000 milliards de dollars, le prix du baril sera un facteur déterminant de la valorisation d’Aramco à la cotation… Mais même incertains, les chiffres donnent le tournis en comparaison des 310 milliards d’Exxon, la plus grande compagnie pétrolière cotée. On s’acheminerait donc vers une levée quatre fois plus importante que celle du chinois Alibaba qui avait signé la plus grosse entrée en bourse de l’histoire.
Les dirigeants ont laissé entendre que l’introduction « concernera des actifs amont », telles l’exploration et la production pétrolières, soit le cœur de métier d’Aramco. Elle devrait se dérouler sur la bourse de New York, Londres ou Toronto à l’appétit aiguisé par cette manne financière.
Le processus est encore long et complexe, mais l’Arabie Saoudite vient de franchir une étape importante en réduisant l’impôt sur les sociétés du secteur pétrolier pour le mettre en conformité avec les standards internationaux, diminuant la fiscalité de la Saudi Aramco de 85% à 50%.
Ouvrir l’économie saoudienne
C’est la chute des cours qui pousse les dirigeants saoudiens à accélérer l’ouverture d’une économie dépendante à 73% des recettes pétrolières, afin de la diversifier face aux exportations de brut. Sous pression, le gouvernement a adopté une politique d’austérité sans précédent après avoir prévu pour 2017 un déficit budgétaire de 53 milliards de dollars, contre 79 milliards de dollars en 2016. Il cherche donc à donner un coup d’accélérateur au développement économique par un renforcement du secteur privé, conscient que les revenus pétroliers ne seront pas suffisants pour maintenir les exigences de niveau de vie d’une population en augmentation. C’est dans ce contexte que Riyad a présenté en avril 2016 « Vision 2030 » : un vaste plan de transformation dont l’IPO Aramco, puis la création d’un fonds souverain qui détiendrait les titres de la compagnie nationale, constituent des éléments clés.
Un événement majeur sur le marché de l’énergie
Il s’agit d’une rupture dans un paysage où les compagnies nationales des grands pays producteurs sont contrôlées à 100 % par les États désireux de garder la main sur une ressource considérée comme stratégique.
En outre, si l’Arabie Saoudite veut tirer le maximum de bénéfices de cette introduction en Bourse, elle doit s’assurer que les cours de l’or noir remontent ou se stabilisent. Ce n’est donc pas un hasard si Riyad, chef de file de l’Opep, a validé l’accord de Vienne fin 2016 visant à rééquilibrer le marché et faire remonter les prix, alors qu’elle s’est longtemps opposée aux quotas de production…
Et last but not least, tous les spécialistes attendent avec impatience la transparence dont l’Arabie Saoudite devra faire preuve avec ses futurs investisseurs à l’occasion de cette opération. Et notamment la révélation de la quantité réelle de ses réserves pétrolières qu’elle a toujours tenue secrète…