Un rapport de Christine Lavarde préconise la réorganisation de l'Ademe. Le président de l'agence monte au créneau pour défendre son bilan.
Christine Lavarde (LR) préconise de priver l'ADEME de son rôle de gestionnaire des aides d’État à destination des entreprises engagées dans la transition énergétique.

Dans un contexte budgétaire tendu et des velléités de désengagement l’État en matière de transition énergétique, l’Ademe devient une cible privilégiée des critiques. Un rapport de Christine Lavarde préconise la réorganisation de l’agence. Le président de l’Ademe, Sylvain Waserman, monte au créneau pour défendre le bilan et la légitimité de son établissement, alors même que certains élus remettent en cause son avenir institutionnel.

Perte de son rôle de gestionnaire des aides à la transition ?

La sénatrice Christine Lavarde a ravivé le débat autour de l’avenir de l’Ademe en publiant un rapport préconisant une profonde réorganisation. Elle suggère notamment de fusionner l’agence avec d’autres structures au sein d’un Secrétariat général à la transition écologique (SGTE) et de la priver de son rôle de gestionnaire des aides d’État à destination des entreprises engagées dans la transition énergétique. L’idée : transférer directement ces fonds aux régions.

« Déléguer directement de l’État aux régions les crédits qui transitent actuellement par l’Ademe », peut-on lire dans le rapport. Une proposition saluée par certains responsables politiques de droite, tels qu’Éric Ciotti, Gérard Larcher ou Valérie Pécresse, qui plaident pour une réduction du périmètre des agences de l’État dans une logique d’économies. Avec plus de 1 000 salariés, 300 intérimaires et un budget de 3,5 milliards d’euros, l’Ademe est perçue comme une entité coûteuse à l’heure de la rigueur.

« Une entreprise qui ne se décarbone pas n’a pas d’avenir. Le risque de l’inaction est terrible, on parle ici de la pérennité de notre industrie »

Sylvain Waserman défend l’Ademe

Face à ces critiques, le PDG de l’Ademe, Sylvain Waserman, se dit indigné et défend fermement le travail de ses équipes. « La lecture du rapport laisse penser que l’agence est en roue libre, qu’elle n’a pas d’objectifs. C’est factuellement faux », affirme-t-il dans Les Échos. Il rappelle que l’agence est liée par un contrat d’objectifs signé en novembre 2024, contenant « 22 objectifs de performance avec des cibles chiffrées, des indicateurs précis, exigeants, notamment sur l’efficacité carbone de chaque euro investi ».

Il insiste également sur les contrôles rigoureux dont l’agence a fait l’objet : « Nous avons eu 11 inspecteurs de l’IGF pendant quatre mois qui ont conclu à la bonne gestion de l’agence. Mme Lavarde, elle, n’a jamais mis les pieds chez nous », déplore-t-il. Selon lui, les économies réalisées (230 millions d’euros de moins par rapport à l’an passé) témoignent d’une gestion responsable, même si certains projets comme celui de la décarbonation d’Arcelor à Dunkerque, doté de 850 millions d’euros, connaissent des ralentissements.

230 millions d’euros Soit les économies réalisées par l’Ademe en 2025, par rapport à 2024.

La transition énergétique, souligne-t-il, reste essentielle malgré son coût : « Une entreprise qui ne se décarbone pas n’a pas d’avenir. Le risque de l’inaction est terrible, on parle ici de la pérennité de notre industrie ». Et d’ajouter : « C’est pour cette raison que les entreprises ont besoin de l’État. Les aides publiques sont déterminantes ». Le PDG défend aussi le savoir-faire unique de l’agence dans le choix et le suivi des projets, qu’il estime non transférable aux préfets de région : « Ça ne tient pas la route d’un point de vue opérationnel. On aurait un éparpillement des fonds et des priorités ».

Dans un climat politique de plus en plus hostile à l’écologie, Sylvain Waserman conclut, inquiet : « Le débat public, notamment la charge contre les énergies renouvelables, est entré dans une logique très décalée avec le monde économique ». Un ancien élu résume avec amertume : « Pour ceux qui veulent avoir la peau de l’écologie, le moment est opportun ». L’Ademe, emblème de cette politique, pourrait bien être la prochaine victime.

Source : Les Echos

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.