Le nucléaire à la relance
Les 19 et 20 septembre se tient, à Paris, la Conférence internationale du nucléaire, sous l’égide de la Suède et de l’OCDE.
Tripler la production pour 2050
La seconde édition du Roadmaps to New nuclear 2024 réunit une quinzaine de pays parmi lesquels les Etats-Unis, la France, le Canada, le Ghana ou encore le Japon ; ainsi que des acteurs du monde du nucléaire, qu’il s’agisse des industriels comme EDF ou Orane ou des acteurs des SMR (petits réacteurs modulaires).
L’objectif de la rencontre est d’examiner « les moyens concrets d’honorer les engagements pris au niveau mondial afin d’accroître la production d’énergie nucléaire pour lutter contre le changement climatique ». Le défi final étant de multiplier par trois la production nucléaire d’ici 2050 afin de respecter les objectifs de neutralité carbone. Pour ce faire, il est essentiel, selon les conférenciers, de combiner réacteurs existants, réacteurs de nouvelle génération et SMR. « Le temps est venu de passer à l’action (…) il reste encore beaucoup, beaucoup de travail à faire », a déclaré en ouverture de la conférence, William D. Magwood, directeur général de l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN).
La stratégie d’intensification de la production s’articulera autour de trois grandes priorités : les chaines d’approvisionnement, la formation d’une main-d’œuvre qualifiée et le financement.
« Le nucléaire fait un retour en force dans le monde »
Comme un symbole, la conférence est animée par la Suède, pays leader dans le domaine des énergies renouvelables qui a décidé de relancer la construction de réacteurs pour « fournir une électricité stable 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », comme le précise Ebba Bush, vice-première ministre et chargé du nucléaire.
Alors que le nucléaire était tombé en disgrâce après la catastrophe de Fukushima en 2011, il semble désormais ne plus être mis en contradiction avec le développement des énergies renouvelables.
Au printemps 2023, déjà, la Commission européenne avait officiellement annoncé que le nucléaire contribuait à « atteindre les objectifs de neutralité climatique ». Ainsi, la production nucléaire serait potentiellement comptabilisée dans les CfD. « Le nucléaire fait un retour en force dans le monde », a déclaré Faith Birol, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Il a par ailleurs réaffirmé que la filière était un « ami de la sécurité énergétique [et] de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ». Pour être en mesure de faire honneur à ce statut, Faith Birol a appuyé sur la nécessité de doubler, a minima, la capacité nucléaire.
En 2023, seuls cinq nouveaux réacteurs représentant une capacité totale de 5 GW ont été mis en service dans le monde, tandis que cinq unités ont été fermées (6 GW), soit une baisse nette d’1 GW, selon un rapport sur l’état de l’industrie nucléaire publié jeudi. L’essentiel des constructions en cours (59 réacteurs) sont menées par la Chine, pour son marché intérieur, et par la Russie pour d’autres pays.
« Rien que pour maintenir la capacité actuelle, il faudrait déjà mettre en service 10 réacteurs par an », c’est-à-dire doubler la cadence de 2023, ce qui est « industriellement improbable », a déclaré à l’AFP, Mycle Schneider, coordinateur de ce rapport critique sur le sujet.
L’an dernier, la vingtaine de ministres présents avaient déjà lancé un appel commun à la finance internationale, encourageant « banques de développement » et « institutions financières internationales et régionales » à financer les projets nucléaires, souvent longs et coûteux. Cette année, deux déclarations communes – une des pays et une des industriels – sont attendues d’ici vendredi.
Source : AFP