Le paradoxe chinois
Mi-août, les autorités chinoises annonçaient avoir atteint l’objectif de production d’électricité d’origines solaire et éolienne… prévu pour 2030. Cet accomplissement ne masque pas pour autant le fait que le pays est toujours le plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde.
Le Chine et ses centrales au charbon
Cette place de pays le plus pollueur de la planète s’explique aux travers de deux critères évidents : sa population de plus de 1,4 milliards d’habitants et son appareil productif fondé sur le secteur industriel. Sur le plan énergétique, la Chine s’appuie sur ses centrales au charbon pour répondre à la demande d’électricité en hausse.
Le gouvernement, dans le cadre des Accords de Paris en 2015, s’est engagé à faire décroitre les émissions pour 2030 et atteindre la neutralité carbone pour 2060.
26,4% de l’énergie consommée provient de sources propres
Le 29 août, les autorités chinoises annonçaient que 26,4% de l’énergie consommée dans le pays étaient d’origines propres. Pour comparaison, les énergies vertes représentaient 15,5% de l’énergie totale consommée en 2014, soit un bon colossal en une décennie. Selon l’Agence de presse Chine, les capacités solaires et éoliennes ont été multipliées par dix, sur la même période. Au regard de ces statistiques, on comprend comment le pays a atteint, avec 6 ans d’avance, ses objectifs de production d’électricité verte.
La Chine produit 339 GW d’énergies vertes (180 GW solaires et 159 GW éoliennes) ce qui « représente 64% de l’énergie solaire et éolienne sur la planète », d’après l’organisme américain Global Energy Monitor.
Les réseaux de distribution ne suivent pas
Pourtant, cette expansion fulgurante des énergies propres entraine de nouvelles complications. Les réseaux de distribution ne peuvent assumer cet accroissement générant un important gaspillage d’énergie. Au premier trimestre 2024, le taux de perte a atteint 4% et l’agence de notation Fitch a dit craindre une hausse de ce taux, à l’avenir. Pour Greenpeace, acheminer l’énergie produite au nord et à l’ouest peu peuplés vers l’est et le sud densément peuplés ne s’avère pas rentable.
Par ailleurs, l’industrie chinoise des panneaux solaires est en proie à une offre excédentaire, ce qui entraîne une chute des prix et conduit des entreprises à la faillite.
Enfin, les subventions publiques sont source de tensions avec les partenaires commerciaux étrangers. Plus tôt cette année, l’Union européenne a mandaté une enquête visant des groupes chinois dans l’énergie solaire, dont le numéro un mondial soupçonné d’avoir reçu des subventions faussant la concurrence sur le marché européen. Pékin assure que ses politiques industrielles ne sont pas des pratiques déloyales. En représailles, la Chine a lancé à son tour une série d’enquêtes visant des produits européens importés, au risque d’aggraver les tensions commerciales avec un partenaire incontournable.
Source : AFP