Le solaire plus fort que le pétrole, en 2023
L’Agence Internationale de l’Energie a publié le 25 mai un rapport sur les investissements mondiaux dans les énergies. Pour la première fois, plus d’investissements seront réalisés dans le solaire que dans le pétrole. Une situation inédite qui ne masque pas pour autant l’accroissement de l’intérêt pour les énergies fossiles.
Le bond en avant des énergies vertes
La crise énergétique et climatique ainsi que l’Inflation Reduction Act sont autant de facteurs ayant encouragé la hausse des investissements dans les énergies renouvelables. Quelque 1 700 milliards de dollars seront investis dans les énergies décarbonées (solaire, éolien, voitures électriques, centrales nucléaires, pompes à chaleur…), soit un bond de 24% par rapport à l’année 2021. Les investissements dans le gaz, le pétrole et le charbon devraient représenter une somme de 1000 milliards de dollars pour 2023.
Lorsque l’on se penche plus précisément sur les projets dans le solaire, ils seront financés à une hauteur supérieure à un milliards de dollars par jour, pour atteindre les 380 milliards de dollars d’ici le 31 décembre, contre « seulement » 370 milliards pour le pétrole.
Les énergies fossiles progressent aussi
Cette situation, jamais observée jusqu’ici, ne signifie pas que l’attrait pour les énergies fossiles s’est estompé. Bien au contraire. Ces dernières années, des choix stratégiques dans de nombreux pays, peuvent – au même titre que l’envolée des prix du gaz– expliquer la recrudescence des investissements dans le charbon. On a pu constater le prolongement ou la réactivation de centrales à charbon en Europe (En Allemagne, notamment). De nouveaux projets d’installations de centrales à charbon, essentiellement en Chine, ont vu le jour en 2022 et représentent 40 GW de production. Ainsi, l’investissement global dans le charbon connait une hausse de 10% pour atteindre un niveau supérieur à celui d’’avant-covid.
Concernant l’exploration et l’exploitation pétrolière, 500 milliards lui seront consacrés (+7% par rapport à 2022) soit un retour au niveau de 2019.
Loin de la neutralité carbone
Malgré les progrès, l’Agence Internationale de l’Energie assure qu’un certain nombre de facteurs ne permettront pas de respecter l’objectif de neutralité carbone d’ici 2030, s’ils restent en l’état.
Par exemple, les géants pétro gaziers orientent moins de 5% de leurs dépenses de production vers les énergies bas carbone, comme le biogaz.
Pour l’AIE, les investissements dans le charbon sont six fois plus importants que nécessaire pour atteindre l’objectif 2030. Ils sont deux fois trop élevés dans le pétrole.
Enfin, l’AIE, qui prépare pour le 22 juin un rapport sur « l’augmentation des investissements dans les énergies renouvelables de la part des économies émergentes », estime que les stratégies des pays en développement seront cruciales pour la neutralité carbone. Selon l’agence, les émergents ne peuvent pas investir dans les énergies vertes du fait des taux d’intérêt trop élevés, du manque d’engagement politique dans le domaine et des infrastructures inadaptées.