Les EnR progressent plus vite que les fossiles, selon l’AIE, même si le changement de cap politique des États-Unis freine leur essor.
Fatih Birol, Directeur général de l'AIE.

Portées par le solaire, les énergies renouvelables progressent plus vite que les fossiles, selon l’AIE, même si le changement de cap politique des États-Unis freine leur essor. La demande mondiale de pétrole, elle, devrait se stabiliser vers 2030.

EnR  : +45 % à 60 % du déploiement assuré par la Chine

Selon le rapport World Energy Outlook 2025 de l’AIE, publié en pleine COP30 à Belém, les énergies renouvelables, en particulier le solaire, continuent de croître « plus rapidement que toute autre source majeure d’énergie, dans tous les scénarios ». L’Agence internationale de l’énergie présente trois trajectoires possibles : l’une basée sur les politiques actuelles, une autre intégrant les annonces déjà faites par les États, et une dernière correspondant à la neutralité carbone en 2050. Dans le scénario médian, la demande mondiale de pétrole « se stabilise vers 2030 » et celle du charbon atteint un pic, tandis que le gaz naturel progresse à nouveau, stimulé par des prix bas et la politique énergétique américaine.

Les États-Unis, dont la nouvelle administration réduit de 35 % leurs capacités renouvelables projetées à horizon 2035 par rapport aux estimations de 2024, ralentissent la dynamique. Mais au niveau mondial, la tendance reste robuste : la Chine demeure le moteur du secteur, représentant « 45 à 60 % du déploiement des capacités renouvelables des dix prochaines années ». Il y a deux ans, l’AIE anticipait déjà un pic pour l’ensemble des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) avant 2030. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : « Les politiques changent, et les visions des gouvernements sur l’avenir énergétique divergent largement », a expliqué Fatih Birol, directeur général de l’AIE.

Entre pressions politiques et urgence climatique : l’AIE face à ses contradictions

Sous le feu des critiques, l’AIE doit désormais composer avec un contexte politique tendu. Agence de l’OCDE fondée en 1974 pour répondre au choc pétrolier, elle fait face aux menaces de la nouvelle administration américaine. « Nous réformerons le fonctionnement de l’AIE ou nous nous retirerons », a prévenu en juillet Chris Wright, secrétaire américain à l’Énergie. Cette inflexion américaine se traduit dans la réapparition d’un scénario conservateur où pétrole et gaz continuent à croître jusqu’en 2050 ; scénario abandonné depuis 2020. Les défenseurs du climat dénoncent une régression. « En résumé, l’AIE régresse », a jugé Stephan Singer du réseau CAN International. Même constat pour Rachel Cleetus, de l’Union of Concerned Scientists : « Ce scénario n’est pas représentatif de la réalité de l’accélération de la transition ; ses motivations sont politiques ».

Le rapport souligne pourtant deux urgences planétaires non résolues : l’accès universel à l’énergie et la lutte contre le réchauffement climatique. Dans ses trois scénarios, la planète dépasserait 1,5 °C de réchauffement d’ici 2100, frôlant même les 3 °C dans le plus pessimiste. Seul le scénario « neutralité carbone » permettrait de revenir sous ce seuil, selon Tim Gould, chef économiste énergie de l’AIE : « Dans ce scénario, il n’y aurait pas besoin, dans l’ensemble, d’investir dans de nouveaux champs pétroliers ou gaziers pour répondre à la demande ». L’AIE appelle enfin à une coopération internationale renforcée, estimant que la sécurité énergétique, la demande croissante d’électricité (centres de données, véhicules électriques, climatisation) et la pénurie de métaux critiques seront les grands défis de la décennie à venir.

Source : AFP

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.