Les professionnels de la rénovation énergétique tirent la sonnette d’alarme. Face à la suspension partielle du dispositif MaPrimeRénov’.
Le ministre de l'Economie Eric Lombard est le récipiendaire de la lettre ouverte des professionnels de la rénovation énergétique.

Alors que le gouvernement esquisse les grandes lignes de son prochain budget, les professionnels de terrain de la rénovation énergétique tirent la sonnette d’alarme. Face à la suspension partielle du dispositif MaPrimeRénov’* et à des signaux budgétaires jugés inquiétants, ils interpellent le ministère de l’Économie pour préserver un pilier de la transition énergétique.

*pour rappel, MaPrimerénov’ à l’attention des copropriétés n’est pas suspendue.

La part de financement de l’Etat à 80 % ?

Le jour même de l’annonce des orientations budgétaires par le Premier ministre, plusieurs acteurs engagés dans le conseil à la rénovation de l’habitat, parmi lesquels la Fédération des agences locales de l’énergie et du climat (Flame), ont adressé une lettre ouverte au ministre de l’Économie, Éric Lombard. L’objet : exiger la garantie de moyens pour assurer la continuité de MaPrimeRénov’, dispositif central d’aide à la rénovation énergétique.

« Tout l’écosystème a peur », alerte Bénédicte Rouault, directrice générale de Flame, interrogée par l’AFP. La récente suspension du guichet pour les rénovations globales a jeté un froid dans le secteur. Les signataires de la lettre — membres du comité de pilotage de France Rénov’, service public d’accompagnement gratuit — réclament que Bercy sécurise un budget de 5 milliards d’euros pour l’Agence nationale de l’habitat (Anah) dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2026, tout en instaurant une vision budgétaire pluriannuelle. En cause : une instabilité financière jugée nuisible pour structurer durablement le secteur. Les espaces France Rénov’, co-financés par l’État et les collectivités, sont particulièrement vulnérables. « Ce manque de stabilité de la politique publique de la rénovation » inquiète les signataires, qui demandent que « la part de financement de l’État atteigne 80 % » pour ces structures de proximité.

Une reprise mi-septembre menacée ?

L’inquiétude monte chez les professionnels de terrain. D’une part, ils redoutent une baisse des moyens prévus pour l’Anah début 2025, jugés insuffisants pour répondre à la forte demande. D’autre part, la suspension du guichet MaPrimeRénov’ risque de briser une dynamique positive : « On a une crainte budgétaire concernant les moyens prévus pour l’Anah en début d’année 2025 », souligne encore Bénédicte Rouault. Elle met en garde contre « une crainte de ne pas maintenir cette dynamique » face au contexte de restrictions budgétaires.

Les signataires évoquent « des menaces qui pèsent sur les conditions de reprise du service » prévu à la mi-septembre. Le flou entoure les enveloppes financières réellement disponibles. « Il y a des inquiétudes sur l’état des enveloppes consommées », alerte la porte-parole.

Sur le terrain, la tension est palpable : « D’ores et déjà, l’incompréhension, voire la colère, s’expriment auprès de nos équipes qui accueillent la population chaque jour », écrivent les signataires, parmi lesquels figurent aussi l’Association des maires de France (AMF), le Réseau Cler et la fédération Soliha. En toile de fond, les ajustements budgétaires opérés par l’État en juin — notamment le retrait de 350 millions d’euros sur les dotations prévues pour l’Anah — alimentent les crispations. Bien que ces ajustements soient annuels et encadrés par la loi de finances, ils sont perçus comme un nouveau coup porté à la stabilité du dispositif.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste de presse écrite dans différents journaux et magazines pendant plus d’une décennie.
Spécialisé dans le secteur de l’énergie depuis 2023, il a la charge de la rédaction d’articles, de la conduite d’interviews ainsi que de la création de programmes pour Opéra Energie.