Un changement significatif dans les accords de fourniture de gaz naturel se fait sentir en Eurasie. La Russie, confrontée à la chute de ses exportations de gaz vers l’Europe depuis le début du conflit russo-ukrainien, cherche maintenant à renforcer ses livraisons en Asie centrale. Simultanément, l’Azerbaïdjan avance dans le processus de remplacement du gaz russe pour satisfaire les besoins de l’Union européenne.

L’Azerbaïdjan, nouvel acteur gazier ?

L’agression de la Russie contre l’Ukraine a poussé les États membres de l’UE à diminuer leur dépendance au gaz russe. Les exportations de gaz de Moscou vers l’Europe ont chuté de 155 milliards de mètres cubes en 2021, avant l’invasion, à seulement 43  milliards de mètres cubes l’année dernière.

Pour compenser cette réduction, les pays de l’UE ont augmenté les importations de GNL par voie maritime et intensifié la production d’énergie à partir de sources alternatives.

De plus, Bruxelles a signé un accord avec l’Azerbaïdjan pour doubler les exportations de gaz azerbaïdjanais vers l’Europe, visant au moins 20 milliards de mètres cubes par an d’ici 2027.

Les projets d’expansion des exportations de l’Azerbaïdjan se concrétisent enfin, avec la signature récente d’accords pour le transit du gaz du Turkménistan vers l’Europe, ainsi que de nouveaux accords pour améliorer les connexions avec les pays d’Europe centrale et du Sud-Est.

L’initiative la plus marquante est probablement celle de l’entreprise publique hongroise MVM, qui a décidé d’acquérir une participation de 5 % dans le vaste champ de gaz Shah Deniz en Azerbaïdjan, comme annoncé lors de la semaine de l’énergie à Bakou début juin. MVM a déjà mis en place deux accords pour importer du gaz azerbaïdjanais. En augmentant sa dépendance au gaz azerbaïdjanais, la Hongrie démontre également un éloignement de la Russie.

De nombreux projets pour augmenter la livraison de gaz azerbaïdjanai

Par ailleurs, l’Azerbaïdjan a conclu un accord avec l’Albanie pour fournir 200 millions de mètres cubes de gaz par an à partir de 2026. Ce gaz transiterait par le Pipeline Transadriatique (TAP), qui nécessite cependant d’être fortement agrandi pour satisfaire les engagements croissants de Bakou envers les pays européens.

Les propriétaires du pipeline, dont l’Azerbaïdjan, se sont engagés à ajouter une capacité annuelle de 1,2 milliard de mètres cubes tout en demandant des engagements fermes des acheteurs européens pour des volumes supplémentaires.

Le projet “Couloir Vertical” pour améliorer les livraisons de gaz azéri progresse lui aussi rapidement. Ce couloir implique l’extension d’un réseau de pipelines dans le Sud-Est de l’Europe, avec la Bulgarie comme hub reliant la Grèce, la Moldavie, la Roumanie, la Turquie et l’Ukraine. Le 6 juin, la Bulgarie a signé les premiers contrats pour étendre sa section du couloir, avec des extensions supplémentaires prévues pour cette année et l’année prochaine.

Parallèlement, la Russie cherche à compenser sa perte de parts de marché en Europe en fournissant du gaz à l’Asie centrale. Lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg le 7 juin, Gazprom a signé de nouveaux accords avec le Kirghizistan et le Kazakhstan, et a discuté de futurs plans avec l’Ouzbékistan.

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Charlotte Martin
Responsable Communication

Sophie-Charlotte MARTIN, Conceptrice-Rédactrice spécialisée

Titulaire d'un master 2 en Lettres Classiques, complété d'un master 2 en Communication et d'un cycle web marketing à la CCI de Lyon, Sophie-Charlotte est intervenue sur des sujets aussi B2C que B2B, on et off line.

Régulièrement confrontée aux problématiques tertiaires et industrielles, elle s'est spécialisée en énergie. Aujourd'hui, elle garantit au quotidien la direction et la production éditoriale de l'entreprise. Sophie-Charlotte MARTIN est Responsable éditoriale d'Opéra Energie.