« Nous ne sommes pas les dinosaures. Nous sommes la météorite » alerte l’ONU
Les êtres humains représentent une menace équivalente à celle de la météorite qui a provoqué l’extinction des dinosaures, a déclaré mercredi 5 juin le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’issue des douze mois les plus chauds jamais enregistrés. Il a appelé à interdire la publicité pour le pétrole, le gaz et le charbon, principaux responsables du réchauffement climatique.
« Non seulement nous sommes en danger, mais nous sommes aussi le danger »
Antonio Guterres a affirmé que, dans le contexte climatique, « nous ne sommes pas les dinosaures. Nous sommes la météorite. Non seulement nous sommes en danger, mais nous sommes aussi le danger », lors d’un discours à New York à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement.
Cette déclaration accompagne la publication des dernières données scientifiques : mai 2024 a été le mois de mai le plus chaud jamais enregistré mondialement (sur terre et mer), marquant le 12e mois consécutif à battre son propre record, selon l’observatoire européen Copernicus.
Il y a 80 % de chances que la température moyenne mondiale sur une année dépasse temporairement de plus de 1,5°C les niveaux préindustriels d’ici 2028, a indiqué l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Actuellement, la température est environ 1,2°C plus élevée que la moyenne préindustrielle au cours de la dernière décennie, selon une étude publiée mercredi par de nombreux climatologues renommés.
Des chiffres préoccupants
L’humanité se rapproche dangereusement de la limite de 1,5°C fixée par l’accord de Paris de 2015. Cette limite doit être atteinte en moyenne sur des décennies pour être considérée comme un nouveau climat stabilisé.
Cependant, l’année 2023, la plus chaude jamais enregistrée, s’est terminée avec une anomalie de 1,48°C par rapport à 1850-1900, en raison du changement climatique et d’un réchauffement supplémentaire provoqué par le phénomène El Niño.
Sur une période glissante de 12 mois, le seuil de 1,5°C est déjà franchi : de juin 2023 à mai 2024, la température moyenne a été supérieure de 1,63°C par rapport à 1850-1900, selon Copernicus.
Cette situation, inédite depuis des millénaires, est marquée par une augmentation et une intensification des vagues de chaleur mortelles, des sécheresses et des inondations dévastatrices à travers le monde.
Antonio Guterres a rappelé que les émissions mondiales doivent diminuer de 9 % par an jusqu’en 2030 pour ne pas dépasser la limite de 1,5°C. Cependant, le pic des émissions n’a pas encore été atteint officiellement.
Malgré l’engagement de la COP28 à Dubaï en décembre pour un abandon progressif des énergies fossiles, leur déclin n’est pas encore imminent.
« Une autoroute vers l’enfer »
Dans ce contexte, Antonio Guterres a regretté que la crise climatique ne soit plus une priorité. « On ne peut pas laisser les conflits mondiaux nous distraire de la menace existentielle du changement climatique », a-t-il affirmé.
Il a particulièrement critiqué le secteur des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), qu’il qualifie de « Parrains du chaos climatique » qui « amassent des profits record et bénéficient de subventions massives ».
Il a appelé chaque pays à interdire la publicité pour les entreprises de ce secteur, comme cela a été fait pour d’autres produits néfastes pour la santé humaine, tels que le tabac.
« C’est un moment crucial pour le climat », a insisté Antonio Guterres, exhortant à prendre « la sortie de l’autoroute vers l’enfer ». Il a également réitéré son appel à taxer les profits de l’industrie fossile pour financer la lutte contre le réchauffement et a évoqué, sans les détailler, des « taxes de solidarité » sur l’aviation et le transport maritime.
Antonio Guterres a souligné qu’une étude récente a montré que, même si les émissions étaient réduites à zéro dès demain, le chaos climatique coûterait au moins 38.000 milliards de dollars par an d’ici 2050. Ce montant est bien supérieur aux 2.400 milliards nécessaires d’ici 2030 pour que les pays en développement (hors Chine) abandonnent les énergies fossiles et s’adaptent au réchauffement, selon des experts de l’ONU.
Ce discours intervient alors que des représentants du monde entier sont réunis à Bonn pour faire avancer les négociations climatiques avant la COP29, prévue à Bakou en novembre. Cette conférence devrait aboutir à un nouvel accord sur le financement climatique des pays riches envers les pays en développement pour atteindre leurs objectifs climatiques.