Le gouvernement belge a annoncé sa volonté de prolonger la capacité nucléaire existante et de développer de nouveaux réacteurs.
Le gouvernement belge ambitionne de porter la capacité nucléaire belge à 8 gigawatts.

Le nouveau gouvernement belge, dirigé par le conservateur flamand Bart De Wever, a annoncé sa volonté de prolonger la capacité nucléaire existante et de développer de nouveaux réacteurs. Cette décision marque un tournant majeur dans la politique énergétique du pays, puisqu’elle implique de modifier la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire. Cet engagement figure dans l’accord de gouvernement conclu entre les cinq partis de la coalition, après près de huit mois de négociations suivant les élections de juin.

Lors de sa déclaration de politique générale devant les députés, Bart De Wever a affirmé sa détermination à « mettre un terme à une loi dépassée ». Cette réforme repose sur la suppression de deux articles clés de la loi de 2003 : l’un fixant le calendrier de désactivation des réacteurs en activité, et l’autre interdisant la production d’énergie à base d’atome. Le ministre de l’Énergie, Mathieu Bihet, a expliqué sur la chaîne LN24 que cette modification vise à garantir un approvisionnement stable en électricité tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles. Selon lui, l’énergie nucléaire est une source abondante et à faible empreinte carbone, ce qui constitue un atout majeur pour les ménages et les entreprises dans un contexte de transition énergétique.

Le gouvernement ambitionne ainsi de porter la capacité nucléaire belge à 8 gigawatts. Cette capacité se répartirait en deux volets : 4 gigawatts issus de la prolongation de centrales existantes et 4 gigawatts provenant de nouvelles infrastructures à développer. Cette orientation énergétique n’est pas une surprise, les conservateurs flamands et les libéraux francophones ayant clairement affiché leur volonté de revenir sur la politique de sortie du nucléaire dès la campagne électorale. Ce principe avait déjà été remis en question sous la législature précédente, notamment en raison de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine.

Initialement, la loi de 2003 prévoyait l’arrêt définitif de toutes les centrales nucléaires belges, exploitées par le groupe français Engie, d’ici à la fin de l’année 2025. Cette disposition avait été adoptée sous un gouvernement fédéral incluant les écologistes, marquant leur influence sur les choix énergétiques du pays. Cependant, la dépendance au gaz russe et l’envolée des prix de l’énergie ont conduit à un changement de stratégie. Dès 2023, le gouvernement d’Alexander De Croo avait négocié avec Engie la prolongation pour dix ans de deux réacteurs, Doel 4 et Tihange 3, représentant une capacité totale de 2 gigawatts.

Le nouvel exécutif souhaite aller plus loin en prolongeant non seulement ces deux réacteurs jusqu’en 2045, mais aussi en maintenant en activité deux autres centrales dont la fermeture était prévue. Parallèlement, le ministre de l’Énergie a évoqué l’intention du gouvernement de développer de nouvelles capacités nucléaires, notamment par la mise en place de petits réacteurs modulaires (SMR).

Bien que la loi de 2003 impose toujours des évaluations périodiques de sûreté, l’abrogation des articles ciblés pourrait être rapide. Ce changement de cap illustre la volonté du gouvernement de renforcer la souveraineté énergétique du pays et de sécuriser son approvisionnement en électricité pour les décennies à venir.

Giovanni Djossou, journaliste spécialisé
Giovanni Djossou
Journaliste spécialisé

Titulaire d’un Master II en journalisme, Giovanni DJOSSOU a œuvré en tant que journaliste pigiste, en presse écrite, auprès de différents journaux et magazines.
Intéressé par les questions liées à l’énergie, il a la charge de la rédaction d’articles et de brèves pour Opéra Energie.